Immigration : «~Détresse et brutalité~ »

Xavier Frison  • 24 janvier 2007 abonné·es

Le sixième rapport de la Cimade dresse un tableau terrible des lieux de rétention administrative où échouent ceux dont la France ne veut pas. Car la condition des immigrés en situation irrégulière s’est dégradée depuis la fin de 2003, date de la réforme majeure de la rétention et des premiers iobjectifs chiffrés du ministère de l’Intérieur en matière de reconduite à la frontière. Présente à l’intérieur des centres de rétention depuis plus de vingt ans, l’association s’interroge sur la possibilité d’aider des personnes « enfermées dans des centres qui deviennent des camps, par une administration tenue à des objectifs non de moyens mais de résultats » . Dénonçant l’interpellation au faciès de passants triés après coup au centre de rétention, la Cimade rappelle ces cas de parents d’enfants français expulsés, de femmes enceintes, de couples « renvoyés séparément » , d’enfants « qui voient leurs parents traités comme des délinquants » , de personnes âgées ou pas suffisamment malades pour avoir le droit de rester en France.

« Détresse, incompréhension, brutalité et humiliation » sont le lot quotidien de ces centres, où les souffrances provoquées « sont moralement injustifiables » .

Pourtant, la fuite en avant continue : un programme de construction est en cours avec « des centres de plus de 200 places » , dénonce la Cimade. Les recommandations de l’inspection générale de l’administration et des affaires sociales condamnaient pourtant dès 2004 les trop grandes structures. Quant au décret du 30 mai 2005 qui encadre la rétention administrative, il officialise la possibilité de placer en rétention des familles avec enfants de tous âges. Autre « évolution », les conditions dans lesquelles un étranger peut solliciter l’asile depuis un centre de rétention sont durcies. La politique du chiffre est devenue la politique du pire.

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