Cofides, un coup de pouce du Nord au Sud

La coopérative Cofides facilite le microcrédit des pays du Sud
en faisant appel à des épargnants solidaires. Illustration avec
de jeunes agriculteurs burkinabés de Kamboincé.

Ludivine Rey  • 8 février 2007 abonné·es

Le Groupement des jeunes agriculteurs (GJA) de Kamboincé, dans la banlieue de Ouagadougou, au Burkina Faso, a pu développer un projet économique agricole local avec le soutien financier du Nord. Comment ? Sur une idée venue d’étudiants de l’établissement public d’enseignement et de formation professionnelle agricole Les Vaseix, près de Limoges (Haute-Vienne), le groupement s’est adressé à une ONG française du nom de Daba [^2], qui agit dans le domaine de la solidarité internationale avec le Centre de formation de formateurs en agriculture (CFFA) de Kamboincé. L’établissement français a mobilisé des formateurs en agrobiologie, des étudiants et des stagiaires en agriculture pour mettre en place des échanges et des missions dans cette région du Burkina Faso.

Mais, pour décrocher un prêt, les jeunes agriculteurs devaient apporter une garantie. Ils l’ont obtenue avec la Cofides Nord-Sud [-www.cofides.org]. Daba a donc fait appel à cette coopérative financière, en mai 2006, pour aider le groupe de sept burkinabés à acheter des bovins pour un montant de 3 millions de francs CFA (plus de 4 500 euros). Il a fallu ajouter à ce prêt 930 000 francs CFA (environ 1 400 euros) pour l’entretien des animaux, 50 000 pour l’eau, sans oublier les 340 000 francs CFA pour les intérêts que demande la Banque agricole et commerciale du Burkina. Jean-Marie Ouedraogo, l’un des agriculteurs, précise que «~la banque prête à des conditions différentes selon qu’il s’agit de l’achat d’animaux ou d’investissements. AInsi, la durée de remboursement pour les animaux est fixée à neuf mois, tandis qu’elle est de cinq ans pour les équipements » . Montant total du projet : plus de 4 millions de francs CFA (6 200 euros). La coopérative, qui avait déjà soutenu ce groupe d’agriculteurs, a accepté de se porter garante de l’opération financière. Ainsi, en 2003, le GJA avait remboursé son premier crédit au bout de neuf mois, c’est-à-dire trois mois avant l’échéance finale. Et chacun des sept agriculteurs a obtenu un revenu annuel de 350 euros grâce à l’élevage bovin. À titre comparatif, le revenu moyen d’un ménage deKamboincé s’élève à 485 235 francs CFA par an (environ 740 euros).

Mais garantir un prêt ne va pas de soi. Même si les jeunes agriculteurs bénéficiaient d’un apport de 680 000 francs CFA (plus de 1 000 euros). « Je regrette vivement que la banque locale ait refusé le second crédit que demandait ce groupe de jeunes agriculteurs. Et j’espère que la situation sera différente dans l’hypothèse d’un prochain crédit par le GJA » , réagit Hélène Leray, coordinatrice àla Cofides Nord-Sud. Le GJA a donc été contraint de faire appel à la coopérative pour ce second crédit. Le poids de la coopérative a joué en faveur des agriculteurs : la Cofides a fait baisser le taux d’intérêt de 13 à 10 %. Mais elle a dû signer une lettre de garantie à la banque locale en septembre 2006, pour des fonds qui n’ont été débloqués qu’au début du mois de décembre. Avec cet argent, les jeunes agriculteurs ont acheté 30 veaux, qu’ils revendront neuf mois plus tard.

À la fin des douze premiers mois, le GJA remboursera la moitié du prêt grâce au gain que leur aura apporté la revente des animaux. Et l’organisation s’est engagée àrembourser le prêt au bout dedix-huit mois, c’est-à-dire en mai 2008. Dans l’hypothèse oùce groupe d’agriculteurs nerembourse pas le crédit, la Cofides apporte une garantie de25 % de la totalité du coût du projet, soit 2 073 euros, tandis que le parrain de cette initiative, Daba, prend en charge 15 % du risque global.

Où la Cofides trouve-t-elleles fonds nécessaires pour se porter garante dans des projets économiques au Burkina Faso, au Mali, au Congo, au Sénégal, au Cameroun, au Bénin, àMadagascar et en Côte-d’Ivoire ? Les fonds proviennent des parts sociales, qui s’élèvent à 39,77 euros, auxquelles il faut ajouter 60 euros de prime d’émission pour augmenter les fonds de la coopérative.

Mais la Cofides ne reçoit plus d’aides de la part de Terre des hommes France depuis 2006, et progressivement, Peuple solidaire sedésengage financièrement delacoopérative. Ces deux associations, qui ont créé la Cofides en 1995, souhaitent en effet rendre celle-ci autonome. Elle cherche donc des fonds et des correspondants bénévoles pour constituer les projets et rencontrer les banques locales, ainsi que des compétences juridiques et financières en France.

[^2]: Baptisée ainsi parce qu’il s’agit de l’outil ancestral de travail de la terre, et que ce sont les initiales de Développement de l’agriculture burkinabé alternative.

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