Drôle de fête

Ingrid Merckx  • 1 février 2007 abonné·es

« Comment Vinh est-il entré dans la famille ? » , demande Jacques (Cyril Troley) à sa mère (Aurore Clément). Elle est assise dans une cuisine, face à la caméra qu’il tient hors champ. Plus tard, il interrogera son père (Jean-Luc Bideau) dans son bureau, et sa soeur (Delphine Troley), chez elle.

Les séquences façon « vidéo familiale » de Mon frère se marie servent joliment de contrepoint à un événement que le film suit du début à la fin : le mariage de Vinh, enfant adoptif de cette famille suisse qui l’a recueilli à l’âge de 7 ans. Aujourd’hui, il a la trentaine, sa famille d’accueil a éclaté, personne ne se parle plus depuis des années. Mais, la mère naturelle de Vinh arrivant du Vietnam pour la noce, et s’attendant à rencontrer la famille idéale, Jacques propose aux autres de jouer la comédie de l’entente. Pour son frère, et aussi pour lui…

S’il se situe dans le registre de la comédie, Mon frère se marie est d’abord un drame sur l’explosion de la cellule familiale et sur les silences installés entre ses membres. Économe de mots, Jean-Stéphane Bron, documentariste qui signe là sa première fiction, exploite délicatement les climats, les regards, et la mise en scène pour figurer, sur le mode doux-amer, mais d’une manière à la fois expressive et inattendue, les sentiments mis en jeu par ce qu’il appelle « une communauté de destin » .

Culture
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