Les demi-vérités du Giec

Patrick Piro  • 8 février 2007 abonné·es

Le Groupe international d’experts sur l’évolution du climat (Giec), qui travaille sous l’égide des Nations unies, a rendu la semaine dernière la première section (sur les phénomènes) de son 4e rapport en quinze ans. Le verdict n’a surpris personne : les canicules de l’été 2003 vont devenir la norme d’ici à 2050, les banquises et les glaciers vont continuer de fondre, les épisodes météorologiques violents ou inattendus vont se multiplier. Coincé entre vérités scientifiques et pressions diplomatiques exercées plus ou moins habilement sur près de 3 000 spécialistes, dont 500 étaient réunis à Paris, cet aréopage a choisi d’être modérément pessimiste. Ilconfirme surtout que le réchauffement est bien dû aux activités humaines (avec « 90 % de certitude » ) : au cours des cent cinquante dernières années, la concentration atmosphérique en gaz carbonique est passée de 280 parties par millions (ppm) à 390 ppm ; soit largement au-dessus des niveaux atteints au cours des huit cent mille dernières années, comme mesuré dans les calottes glaciaires.

Mais, en coulisses, des scientifiques expliquent que même si nous changeons de modes de vie, l’augmentation globale de la température moyenne de 4 °C prévue par les modèles informatisés ne serait pas atteinte à la fin du siècle, mais dès 2050. Les pays industrialisés auront du mal à s’adapter, notamment leur agriculture. Mais, dans les pays subtropicaux, notamment en Afrique et en Amérique centrale, la situation risque de devenir rapidement tragique. Au Guatemala, les arbres fleurissent avec quatre mois d’avance, des fruits se forment bien avant l’arrivée des premières pluies, ce qui peut mettre à mal des récoltes essentielles.

Les gouvernements sont une fois de plus prévenus. Mais au-delà de déclarations faussement concernées, toujours pas la moindre mesure à même d’attaquer le problème à la hauteur de sa gravité. Les membres du Giec vont retourner à leurs chères études. À la fin de 2007, nouvelle bouffée de chaleur médiatique en prévision avec la remise de deux autres sections de ce 4e rapport (conséquences et adaptations au dérèglement climatique).

Écologie
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