ReSPUBLICA ou l’intégrisme républicain

Rémy Artignan  • 22 février 2007 abonné·es

Cela se présente sous la forme d’un journal électronique, dans les tons bleu blanc rouge. Et cela commence par une chronique acerbe, signée du pseudonyme « Evariste ». Puis se poursuit par des articles sur la laïcité en danger, sur les dérives sociales du capitalisme et sur les antécédents répréhensibles (comprendre « antilaïques ») des candidats à la présidentielle. C’est « ReSPUBLICA, le journal du réseau de la gauche républicaine, laïque, écologique et sociale » .

En réalité, ne cherchez pas l’écologie, il n’y en a pas. La véritable croisade des rédacteurs, c’est la laïcité, et pas n’importe laquelle, la vraie, la dure, la sacrée… Cette gauche-là est l’héritière de la IIIe République et des grands mythes fondateurs que sont l’école publique, la laïcité et l’État-Nation. Elle s’adresse aux « citoyens de gauche, les vrais, les républicains » [^2]. À ceux qui refusent le politiquement correct, les langues régionales ou le vote des immigrés. À ceux qui rejettent l’idée d’une relation entre voitures brûlées et injustice sociale. À ceux qui ne veulent plus être culpabilisés par la colonisation.

Ses ennemis ? La droite sarkoziste, qui fait la cour à la communauté musulmane en construisant des mosquées, et bien sûr l’extrême droite, pétrie au catholicisme viril. Mais aussi et surtout les* « islamogauchistes », c’est-à-dire la gauche « communautariste » et partisane d’une « laïcité ouverte » , celle qui dit comprendre la révolte sociale qui s’est exprimée dans les émeutes des banlieues, celle qui s’insurge contre les déclarations haineuses d’un Robert Redeker ou le renvoi de jeunes filles voilées des écoles publiques. Leurs alliés ? Des personnages comme Alain Finkielkraut, Bernard Teper, (président de l’Union française des familles laïques [Ufal]), Pierre-André Taguieff, sans oublier, dans le rôle du martyr, Robert Redeker (le philosophe qui dénonce « l’islamisation des esprits en France » ). Car, si toutes les religions sont, tantôt sommées de rester tapies dans la sphère privée, tantôt qualifiées d’archaïques ennemis des Lumières, elles ne le sont pas toutes avec la même ardeur. Evariste ne s’en cache pas : « Dans le monde, aujourd’hui, c’est un autre intégrisme qui menace les valeurs de la démocratie : l’intégrisme islamique [^3]. »

[^2]: ReSPUBLICA n° 339, le 15 mars 2005.

[^3]: ReSPUBLICA n° 527, le 29 janvier 2007

Société
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