José Bové : « Mes trois révolutions »

Quelques minutes après l’annonce de la validation de sa candidature, José Bové nous a confié ses projets pour une campagne de rencontres qui démarre ce jeudi à Besançon.

Claude-Marie Vadrot  • 22 mars 2007 abonné·es

Alors ? Content ?

José Bové : Oui, épuisé, mais je suis heureux. Nous y sommes arrivés grâce à l’acharnement des militants. De peu, puisque nous avons eu 503 parrainages validés, mais ceux qui m’entourent n’ont jamais renoncé, ils y ont cru jusqu’au dernier moment. En un mois et demi, ils ont réussi à faire ce que d’autres ont difficilement réalisé en plusieurs mois. C’est l’indice certain d’une mobilisation qui n’a rien à voir avec celle des autres partis. Merci à eux et merci à tous les élus qui nous ont fait confiance, à ces élus qui ont refusé le verrouillage de la démocratie. Je crois que beaucoup de gens sont satisfaits de constater que, pour la première fois, un syndicaliste se présente à la présidentielle.

Illustration - José Bové : « Mes trois révolutions »


Meeting à Saint-Denis, le 21 février. Photo Michel Soudais

Il y a eu des obstacles ?

Ils ont été nombreux, et je dois dire que j’en veux à tous les partis constitués, à commencer par les partis de gauche ; ils se sont ligués pour nous interdire l’accès au véritable débat démocratique. Ils se sont littéralement acharnés contre nous. J’en veux également à Dominique Voynet, qui a exercé des pressions sur des élus alors qu’elle savait parfaitement qu’elle avait très largement réuni le nombre de parrainages nécessaire. Il fallait couper la route à Bové, et surtout à ceux qu’il réunit, ce n’est pas très digne, c’est même indigne.

Vous êtes prêts ?

Nous avons choisi d’être optimistes, donc nous nous sommes organisés pour démarrer tout de suite. Les lieux des meetings sont définis, on nous réclame partout, nous allons nous lancer dans un véritable tour de France de la révolution démocratique. Nous allons tenter d’organiser une insurrection dans les urnes.

Et les sondages ?

Nous avons même été boycottés par les organismes de sondages. Nous avons des exemples, des témoignages de gens interrogés qui racontent que, lorsque leur choix s’arrêtait sur la case Bové, on leur expliquait que je n’aurais pas les parrainages et que leur réponse allait être considérée comme « ne se prononce pas ». Maintenant, la donne est changée, et, même dans les sondages, il va falloir compter avec nous. C’en est fini de nous ranger dans les « etc ».

Qu’est-ce qui a changé en quelques semaines ?

L’intérêt est devenu de l’enthousiasme, je l’ai constaté partout, aussi bien dans le sud de la France qu’à Nanterre ou à l’université de Paris-VIII, où j’ai parlé deux heures devant un amphithéâtre comble. Cet enthousiasme qui monte, c’est l’espoir de plus en plus clairement exprimé de traduire plusieurs années de combat dans les urnes. Comme si notre mouvement surgissait à nouveau des débuts de cette longue marche lancée à Seattle contre l’OMC, en 1999. Je symbolise la diversité de ceux qui en ont ras le bol de la logique des partis qui ronronnent en ne satisfaisant personne. Tout cela prend un vrai sens, parce que les combats que nous allons évoquer sans relâche jusqu’au 22 avril sont l’illustration de la liaison entre le local et l’international.

Quels seront les thèmes de la campagne ?

La révolution démocratique, la révolution sociale et la révolution écologique : notre argumentation va s’appuyer sur ces trois axes. Nous allons réclamer l’interdiction des licenciements dans les entreprises faisant des profits, le passage au scrutin proportionnel, un changement de constitution, un moratoire sur les OGM et le nouveau réacteur nucléaire, une opposition ferme aux exigences de l’OMC et la régularisation des sans-papiers. C’est suffisamment clair pour que tout le monde le comprenne. C’est pour cela que je parle d’insurrection dans les urnes. Je reste un non-violent.

Vous allez pouvoir expliquer tout cela ?

Oui, parce que la loi nous garantit maintenant le droit à la parole dans les médias, et cela devrait modifier les rapports de force. Il faudra compter avec nous et nous répondre autrement que par des généralités.

Et après la présidentielle ?

Nous avons commencé la mise en place de nos candidats pour les législatives, et je vous garantis quelques surprises de cette gauche alternative à la fois rebelle et rassembleuse.

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