Criminalisation

Ingrid Merckx  • 17 mai 2007 abonné·es

Réduire le nombre d’intermittents : tel est l’objectif des politiques mises en oeuvre vis-à-vis des professionnels du spectacle depuis juin 2003. Une logique que la région d’Annecy pousse un peu loin en expérimentant un nouveau moyen de pression : les poursuites policières et judiciaires. À la suite d’une plainte pour fraude déposée en 2005 par les Assedic auprès du procureur de la République, la police judiciaire a saisi les dossiers de l’association qui gère les contrats de près de 500 intermittents dans la région, Abrasif. Après cela, une dizaine d’intermittents ont été mis en garde à vue, certains ont subi des fouilles au corps et des perquisitions, et des renseignements ont été pris auprès de leurs différents employeurs. « La seule chose que la police précisait en se présentant, c’est qu’il ne s’agissait pas d’une affaire de moeurs » , confie une concernée, choquée par la violence de l’opération.

Pour l’heure, l’affaire patiente sur le bureau du procureur. Mais les intermittents, en mal d’informations, s’inquiètent. D’autant que les Assedic viennent d’annoncer à une centaine d’entre eux qu’elle allait lancer ses propres auditions avec menaces de suspension des indemnités à la clé. « On leur réclame des preuves qu’ils ne peuvent pas avoir, explique Pierre Boulet, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires 74 *. Abrasif* ayant cessé ses activités, on leur conseille maintenant de passer, pour leurs contrats, par le Guichet unique spectacle occasionnel (Guso), avec lequel la plupart des communes ne veulent pas travailler. Certains abandonnent parce qu’ils ne savent plus comment faire. C’est une catastrophe pour la vie culturelle locale. » Le 15 mai, le Collectif vigilance artistes 74 appelait à protester devant les Assedic d’Annecy. Notamment contre la méthode : « Des gardes à vue d’abord, des auditions maintenant, s’indigne Pierre Boulet, on cherche à jeter l’opprobre sur les intermittents en répandant le soupçon. » Bernard Accoyer, le député (UMP) qui a fait échouer le débat sur la proposition de loi en faveur des intermittents à l’Assemblée nationale en octobre dernier, est le vice-président de la communauté d’agglomération. Annecy servirait-elle de terrain d’expérimentation ?

Société
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