Le songe d’une nuit d’été

La Comédie de Saint-Étienne tourne en région avec une farce moderne et libre.

Politis  • 3 mai 2007 abonné·es

Parmi nos glorieux centres dramatiques, il y a ceux qui ne bougent guère de leur bâtiment en béton massif et ceux qui, fidèles à l’ancien esprit de la décentralisation, sortent de leurs murs et apportent des spectacles à travers la région dont ils ont la charge. La Comédie de Saint-Étienne, que dirigent en tandem Jean-Claude Berutti et François Rancillac, fait partie de ces équipes qui sortent de leur béton pour aller vers d’autres bétons et même des bourgades sans béton. Elle a même imaginé une structure mobile, le Piccolo, qui s’installe dans les gymnases et les salles communales. Avec le Piccolo, ce sont surtout les jeunes et les scolaires qu’elle vise. Et, au lieu de leur offrir des classiques, elle leur fait voir des modernes. Cette année, ce sont les Papillons de nuit du Québécois Michel-Marc Bouchard qui voyagent d’une commune à l’autre. Et c’est à Saint-Just que nous avons vu cette comédie d’une belle franchise sexuelle.

C’est une farce, mais qui semble se souvenir de la liberté d’un Shakespeare dans le Songe d’une nuit d’été. Quelques personnes se rencontrent dans la nature, et c’est l’amour qui prend feu ! Sauf que, dans les Papillons de nuit, si deux couples se forment à brûle-pourpoint, l’un est hétéro et l’autre homo. Nous sommes dans une forêt canadienne, plantée de petites maisons de vacances. Deux voleurs de télévisons passent par là. Comme ils valent mieux que les honnêtes gens, les quiproquos qui s’ensuivent vont mener à une explosion bipolaire de l’amour…

Le spectacle est joué sur des tréteaux étroits qui tiennent de la langue de terre s’avançant sur la mer. Les acteurs, truculents et craquants, Sophie Barboyon, Anthony Breurec, Read Gahmi, Pauline Laidet et Antoine Sastre, jouent dru et passionné. François Rancillac, qui a conçu la mise en scène, y va sans prudence et avec beaucoup de drôlerie. Elle a des allures de Dario Fo québécois, cette sotie qui sort chacun de son somnambulisme.

Culture
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