Après le K.-O., le Chut~!

Les Têtes raides ont des idées plein la caboche. Après l’Avis de K.-O. social, pour continuer la lutte et faire avancer le débat, ils proposent de faire un grand Chut ! Explications, par Christian Olivier et Grégoire Simon.

Clotilde Monteiro  • 21 juin 2007 abonné·es

Christian Olivier : On est parti du constat que la musique était omniprésente dans nos vies, mais pas pour le meilleur. Outre le fait qu’elle est devenue un produit d’appel, elle contribue désormais à faire vivre l’économie. Elle est utilisée, notamment, pour stimuler l’achat chez le consommateur. Ce qui n’est pas sans conséquences sur notre capacité d’écoute. Celle-ci s’est modifiée. De moins en moins de gens restent devant leur platine à écouter un disque sans faire une autre activité simultanément. Face au brouhaha qu’ils entendent le plus souvent, je me suis dit qu’il serait salutaire de faire une petite pause. Le silence fait partie intégrante de la partition musicale. D’où l’idée de mettre nos oreilles au repos, pendant une heure, le jour de la Fête de la musique. C’est une occasion propice pour ouvrir un débat et pour mettre sur le tapis les problèmes rencontrés par les professionnels de la musique. Comment les intermittents les plus précaires pourront-ils continuer à vivre de leur métier avec le nouveau protocole qui régit leur statut ? La musique est-elle un métier ? Pourquoi je fais ce métier ? Qu’est-ce qui me définit en tant qu’artiste ? Aujourd’hui, tout va très vite, et on brouille les pistes. Après deux semaines de stage « dans le château », la télé nous sacre artiste. En même temps, le téléchargement provoque une crise dans l’industrie du disque. Mais ce n’est pas parce que ce secteur se casse la gueule que la musique va s’arrêter. Il est nécessaire et urgent que les artistes débattent de toutes ces questions. Mais c’est aussi une action que les gens doivent s’approprier.

Grégoire Simon : La musique et le vin, c’est la même problématique. Quand on est connaisseur, on trouve important de faire la différence entre un vin de la coopé du Pays de l’Aude et un bon Clos des Corbières. Et pendant la phase de dégustation, on se tait parce qu’il faut goûter, humer, pour savourer ce qu’on boit. La question de la musique au format MP3 est du même ordre et rejoint, à mon sens, le discours bio et anti-OGM. Avec le MP3, la qualité auditive, donc gustative, est nulle, car le son est hypercompressé. Mais ce problème passe à la trappe. Les plus jeunes n’ont plus notre exigence en matière de qualité d’écoute. Il faut donc les informer !

Culture
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