Enfants de Keupons

Denis Constant-Martin  • 27 septembre 2007 abonné·es

Hommage, enfin, à la mode punk ! Intitulé Mort aux Ludwig von 88 , menace totalement inutile puisqu’ils se sont séparés en 2000, ce disque est sous-titré « Les 40 meilleurs groupes du monde apprennent aux Ludwig comment faire de vrais tubes avec leurs chansons pourries »… Au-delà de l’arrogance feinte, il y a bien 40 groupes, représentant de nombreux styles qui, s’ils ne bénéficient guère des faveurs des grands médias, sont omniprésents dans les clubs et les petites salles : du punk déjanté au métal pur et dur, en passant par le ska, le ragga, l’électro, jusqu’à la chansonnette délicieusement enniaisée. L’influence des Ludwig s’est infiltrée dans tous ces domaines et a fait comprendre que l’humour absurde pouvait être plus efficace que les slogans ressassés. Les chansons des Ludwig constituaient une chronique loufoque des années 1980 et 1990 ; cet hommage montre qu’elles n’ont rien perdu de leur pertinence. Le plus bel exemple en est la fable des « 3 Petits Keupons » (punk en verlan), où Sarko est substitué à Pasqua dans le rôle du grand méchant loup, mis en scène par René Binamé. La cité de « HLM » (reprise deux fois, par No Water Please et Le Pélican frisé) n’a pas changé ; on peut remplacer les noms des antihéros de « Louison-Kramps » (bien ravalé par Les Fils de teuhpu), leur bêtise n’a pas disparu. Dans une orgie de guitares saturées, de rythmes saccadés et de voix décalées, voire de gospel, les textes corrosifs retrouvent une nouvelle acidité sans que jamais la drôlerie ne leur soit ôtée.

Culture
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