Microsoft obligatoire

Christine Tréguier  • 6 septembre 2007 abonné·es

C’est une étrange histoire qui vient d’arriver à Scott McCausland. Cet informaticien américain a été condamné en 2006 à cinq mois de prison et cinq mois en résidence surveillée à domicile pour avoir mis à disposition une copie de Star Wars Episode III sur le serveur peer to peer Bit Torent. À sa sortie de prison, Scott s’est d’abord vu affublé d’un bracelet électronique. Puis, quelques semaines plus tard, le juge d’application des peines lui a signifié l’obligation d’installer sur sa machine un logiciel permettant de surveiller ses activités en ligne. Cette condition était prévue par son jugement. Ce qui ne l’était pas, c’est qu’il soit tenu d’abandonner Linux et d’installer Windows, sans lequel ledit logiciel ne fonctionne pas ! Pour Scott et son avocat, c’en est trop. Être surveillé, passe encore, mais, dit-il, « devoir restructurer tout mon outil de travail et être forcé d’acheter Windows alors que je suis sans emploi et pas prêt d’en trouver un […], la situation est tout simplement ridicule » .

Outre le fait qu’Hollywood ne plaisante pas avec la contrefaçon, cette affaire souligne, une fois encore, la domination de Microsoft sur le marché de l’informatique. Domination qui tient en grande part au fait que tout ordinateur est de facto vendu avec un système d’exploitation Windows et des logiciels pré-installés. Ce que d’aucuns dénoncent comme de la vente liée illégale. En particulier les membres des associations du Libre, qui militent pour la liberté de choix de leur système d’exploitation. En France, ils s’activent depuis 2004 pour obtenir le droit d’acheter une machine sans « Microsoft inside » ou, au minimum, pour qu’un affichage transparent des prix soit imposé. On estime que le coût des logiciels Microsoft est de l’ordre de 200 à 300 euros. Une pétition lancée par l’Association francophone des utilisateurs de Linux et des logiciels libres (Aful) a récolté plus de 24 000 signatures. Elle propose, par exemple, que les programmes pré-installés soient commercialisés séparément. Si l’acheteur souhaite les utiliser, il réglera le prix du matériel et des logiciels, et utilisera un code d’activation pour valider ses licences Microsoft. S’il n’en veut pas, le montant des logiciels sera automatiquement déduit de sa facture. Ces associations ont rencontré les directions du commerce, de la concurrence et de la répression des fraudes. Quelques procès ont été intentés. L’UFC Que choisir a porté plainte contre Hewlett-Packard, Auchan et Darty, pour vente liée. L’affaire est en attente de jugement. En attendant, le monopole de Microsoft perdure, et la mobilisation continue.

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