Des avancées (presque) certaines…

Le Grenelle de l’environnement aura consacré la biodiversité et la santé environnementale comme des sujets de première importance.

Claude-Marie Vadrot  • 25 octobre 2007 abonné·es

Samedi, après de nombreux coups de téléphone aux responsables associatifs, Nicolas Hulot a rencontré le président de la République. En insistant sur la nécessité de valider les mesures présentées par les groupes de travail sur le réchauffement climatique, pour la préservation de la biodiversité et de la santé, menacée par les pollutions de l’air et de l’eau. Les plus populaires. Ceux qui interviennent auprès du Président lui expliquent que nombre de décisions sont déjà considérées comme acquises par la presse, à tort. Notamment dans les secteurs où les points de vue, au niveau des constatations, ont fini par se rapprocher : la biodiversité, les pollutions et la santé liée à l’environnement. Après une séance nocturne vendredi, les contacts informels et les réunions non programmées se sont poursuivis jusqu’à mardi soir. Objectif : tenter d’effacer d’ultimes malentendus ou établir les désaccords définitifs. D’autant que, pour la biodiversité comme pour la santé liée à l’environnement, l’État a manqué à sa promesse et n’a fourni ni évaluation ni chiffrage des décisions faisant l’objet d’un consensus.

Dans le groupe sur la biodiversité, où la sénatrice Verte Marie-Christine Blandin et le sénateur UMP Jean-François Le Grand ont beaucoup oeuvré pour rapprocher les analyses, l’accord s’est fait pour une « trame verte nationale » assurant une continuité entre les différents milieux naturels, qu’ils soient ou non protégés. Jusqu’au moment où Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, s’est aperçu que la bénédiction du Medef n’était valable que si cette trame verte n’était pas « opposable », donc contraignante pour les aménageurs. Coup de téléphone, pour tenter de convaincre le négociateur du Medef de revenir sur cette position : les choses en étaient là, c’est-à-dire dans le flou, à l’ouverture de la table ronde finale du Grenelle. Un grand classique du poker menteur.

Même incertitude pour la création d’un Conseil économique et social environnemental, y compris au niveau des régions. Car beaucoup de ces « accords » prétendus reposent sur des malentendus que le ministère feint d’ignorer. Tout le monde veut plus de réserves naturelles, mais le document final ne fournit aucun chiffre, et il n’est pas certain que la Guyane soit protégée des chercheurs d’or canadiens menaçant le parc régional.

Le groupe biodiversité a enregistré plus que d’autres une prise de conscience commune des menaces. Mais l’inquiétude des associatifs n’est pas pour autant dissipée.

Comme l’explique Jacques-Olivier Barthes pour le WWF, « les associations ont porté la parole sur la révision des modes de vie, mais nous n’avons pas fait la révolution ni modifié la domination de l’économie productiviste » . Ce que Christian Garnier, pour France nature environnement, traduit autrement : « Le verbatim des discussions est passionnant, il montre une véritable rencontre pour les uns et les autres, mais la bataille durera jusqu’à la fin pour que les meilleures idées ne disparaissent pas en 2008. » Car, avant d’affronter la moulinette parlementaire, les députés souhaitent ne rien décider qui pourrait les gêner lors des municipales, surtout dans la gestion des milieux naturels. Consensus pour regretter les pollutions chimiques et agricoles, mais absence de chiffres, comme pour les réserves naturelles unanimement célébrées.

Par ailleurs, il paraît acquis que l’empreinte écologique sera reconnue comme indicateur. Un « moratoire » sur les cultures OGM en plein champ semble aussi acquis, jusqu’au vote d’une loi. Mais les associations souhaitent une longue réflexion législative tandis que la FNSEA calme les céréaliers en leur expliquant qu’un texte serait voté par les parlementaires pour que, le cas échéant, les semis de printemps puissent se dérouler normalement. Dans cette loi, figurerait un droit des assemblées régionales de s’opposer au recours aux OGM sur leur territoire. Semble également acquis un passage à des pratiques agricoles pour lesquelles les paysans se verraient accorder « la rémunération d’un service environnemental » et une orientation résolument « bio », ce qui correspond aux orientations à venir de la PAC. Et implique une feuille de route, théoriquement acceptée, portant l’agriculture « bio » à au moins 20 % de la surface cultivée en France.

Dernière « certitude » : les agrocarburants, tant vantés par Jacques Chirac, semblent désormais beaucoup moins adulés…

Écologie
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