Épinay 2 ?

Michel Soudais  • 18 octobre 2007 abonné·es

À l’heure où tant de jeunes lions veulent tourner la page d’Épinay, Henri Emmanuelli se distingue. Le député socialiste des Landes a appelé, dimanche près de Toulouse, le PS et les autres partis de la gauche à « réfléchir à une nouvelle dynamique » pouvant déboucher sur « un Épinay 2 » , en référence au congrès d’Épinay en 1971, à l’origine de la stratégie d’union de la gauche. Pour l’ex-ministre, qui intervenait dans l’université d’été du Nouveau Parti socialiste (NPS), « ou on continue sur la lancée de ce qu’on a connu pendant vingt ans avec la gauche plurielle » , des rassemblements stratégiques entre forces progressistes, « ou on commence à réfléchir […] à la mise en place d’une nouvelle dynamique » . Dans son esprit, cette dynamique pourrait avoir comme perspective « une maison commune, où l’on construit autour de la proportionnelle et où chaque sensibilité qui constitue la gauche est représentée » .

La perspective d’un parti de toute la gauche est, en soi, séduisante. Quand certains ne se cachent plus de lorgner vers le centre, l’idée d’Henri Emmanuelli de constituer un « grand parti progressiste » , selon l’expression employée par lui le 28 avril, dans Sud-Ouest , va dans le bon sens. Et il n’a pas tort de prédire que, faute d’une nouvelle dynamique, la gauche sombrera dans « les ornières » qu’elle a déjà connues. Mais les choses se corsent vite ensuite.

Tout d’abord, les formations susceptibles de s’y rallier sont plutôt méfiantes, qu’ils s’agissent des radicaux de gauche, des Verts ou du PCF, qui avaient tous envoyé auprès du NPS un représentant. Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, a d’ailleurs prévenu : « Il y a des divergences fortes. On ne peut pas faire comme si elles n’existaient pas. » Ensuite, l’intéressé lui-même avoue ne pas savoir si cette maison commune doit prendre la forme d’une fédération ou d’une formation unique. La question est pourtant essentielle. À moins que le député des Landes, dans sa crainte de voir la gauche du PS marginalisée, n’ait lancé cette idée que pour convaincre les socialistes de ne pas se couper complètement de leurs partenaires de gauche. Ce qui n’est pas exclu.

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