« Mobiliser les élus »

À l’initiative des Journées de l’économie sociale et solidaire, Christiane Bouchart* explique l’importance des politiques locales.

Philippe Chibani-Jacquot  • 11 octobre 2007 abonné·es

Le Réseau des territoires socialement responsables (RTES) organise des Journées internationales de l’économie sociale et solidaire à Lille [^2]. Elles se tiennent les 18 et 19 octobre.
). Comment analysez-vous l’évolution des politiques publiques en matière d’économie solidaire ?

Christiane Bouchart : Depuis 2001, on constate une évolution des politiques publiques locales portées par les communes et les intercommunalités, où, depuis les dernières municipales, plus de 300 élus locaux sont en charge de l’économie sociale et solidaire. En 2004, des régions ont pris en compte ces problématiques dans leurs politiques de développement économique. Et c’est ce cadre qui est important, car l’économie sociale et solidaire est bien un modèle économique à part entière.

Quel regard portez-vous sur ce qui se passe au-delà des frontières françaises ?

L’intérêt, c’est justement d’essayer de changer d’échelle. Pour cela, il faut mettre en perspective nos politiques locales avec celles des autres pays d’Europe, mais aussi regarder chez nos voisins québécois et brésiliens, qui portent des initiatives intéressantes. Un des exemples, c’est Angus, au Québec, qui montre comment l’économie sociale et solidaire peut être un moteur de la revitalisation des quartiers, y compris dans des démarches de réindustrialisation. Comment approcher autrement le territoire, comment articuler des logiques économiques avec des logiques d’habitat et de vie. Et, de là, comment repenser les déplacements autrement, l’accès à la culture, etc. Mais on pourrait parler aussi des services publics, des marchés publics, qui sont un levier important (4 % du PIB).

Vous espérez 50 % d’élus parmi les participants…

On s’est rendu compte, lors des rencontres du Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale solidaire (Ripess) à Dakar, en 2005, que les acteurs du secteur, notamment en Afrique, manifestaient leurs capacités à s’organiser. Mais on constatait peu de présence d’élus et peu de construction politique autour de ces enjeux. Or, il faut commencer, dans la perspective des Rencontres du Ripess au Luxembourg en 2009, à mener en parallèle un travail de mobilisation des élus.

Quels résultats escomptez-vous lors de ces journées ?

Nous souhaitons établir une charte d’engagements à partir de ce qui va émerger des débats. Nous voulons présenter aux États un inventaire de la volonté politique d’avancer vers un modèle de développement économique et social des territoires. Nous constatons que le Parlement européen peine à porter ces politiques. Ces deux journées, ce n’est pas de la langue de bois. On va aussi pointer les difficultés, les contraintes. Notre objectif est de recréer des formes de rapport de force pour avancer aux plans national et européen.

[^2]: Ces Journées sont organisées avec l’Institut européen de l’économie solidaire (IEES) et le Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale et solidaire (Ripess)

Temps de lecture : 2 minutes