L’épreuve de force

Thierry Brun  • 1 novembre 2007 abonné·es

D’un côté, des fédérations syndicales de cheminots qui ont exprimé leur « refus » de la réforme du régime de retraite de la SNCF, et donc du document d’orientation sur les régimes spéciaux présenté par Xavier Bertrand, ministre du Travail. De l’autre, Nicolas Sarkozy, tenté par l’épreuve de force sociale pour imposer un engagement de campagne qu’il serait difficile de remettre à plus tard. Conseiller social du Président, Raymond Soubie en a révélé l’enjeu : il n’est « pas possible d’aborder « le rendez-vous retraites 2008 », prévu par la loi de 2003 pour le régime général et la Fonction publique, sans que les régimes spéciaux aient été au préalable harmonisés avec cette dernière » . Le même conseiller a déclaré ne « pas croire à un conflit qui s’éternise » sur ce dossier lourd de conséquences politiques et sociales.

Rendant une visite surprise à des cheminots en Seine-Saint-Denis, le 26 octobre, Nicolas Sarkozy a, pour sa part, prévenu que « la rue » ne « fera pas plier » le gouvernement. Ce dernier a même trouvé un soutien important auprès de la Commission de garantie des retraites, qui recommande l’allongement à 41 ans de la durée de cotisation de l’ensemble des salariés en 2012.

Faute de réponse gouvernementale aux revendications, notamment contre l’allongement de la durée de cotisation de 37,5 à 40 ans, les syndicats de cheminots, ainsi que ceux de la RATP et de l’énergie, ont décidé d’entrer en conflit le 13 novembre après les vacances de la Toussaint. Les huit organisations syndicales de la SNCF, y compris la Fgaac, syndicat catégoriel des agents de conduite, étaient convenus le 22 octobre que, « si le gouvernement maintenait son refus » de retirer la réforme, elles s’engageraient « à appeler à un mouvement reconductible de grève à la mi-novembre » . Consultations, lettres et propositions n’ont pas pour autant cessé entre gouvernement, syndicats et directions d’entreprise avant les rencontres interfédérales du 31 octobre. Dans un courrier, les directions de la RATP et de la SNCF ont invité les syndicats à les rencontrer les 6 et 12 novembre, pour négocier les points relevant du domaine de compétence des entreprises, fixés par la note d’orientation gouvernementale. La proposition a été rejetée par les organisations de la RATP, à l’exception de l’Unsa et de la CFE-CGC.

Signataire de la déclaration commune des fédérations de cheminots, la Fgaac s’est déclarée « confortée » dans sa démarche de négociations avec la direction de l’entreprise, tout en évoquant « un conflit plus long » dans le cas où le gouvernement ne reverrait pas « sa copie » . Le porte-parole de la CFDT, Jean-Louis Malys, a rappelé de son côté que son organisation ne « bataillera pas sur le passage à 40 ans » .

Les états-majors syndicaux sont donc loin d’être unanimes. Si la CGT, FO et SUD vont mobiliser leurs troupes, la CFDT, la CGC, l’Unsa et la CFTC estiment que le gouvernement ne reculera pas sur l’allongement de la durée de cotisation pour les retraites et demandent à négocier des « compensations » .

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