Mobilisation étudiante, suite !

Les étudiants venus battre le pavé contre la loi Pécresse, ce 22 novembre, se sont retrouvés à 15h devant la Sorbonne. Comme lors de la mobilisation du 8 novembre, Politis.fr était sur place. Retrouvez les photos, paroles de manifestants et vidéos prises au coeur d’un cortège de 5 000 jeunes en colère.

Politis.fr  et  Marjolaine Normier  • 23 novembre 2007 abonné·es

Ils sont coriaces, les bougres. Bien décidés à rendre une petite visite au Ministère de l’enseignement, les étudiants exigent toujours l’abrogation de la loi relative aux responsabilités et aux libertés des universités (LRU). Pour la première fois depuis le début des mobilisations, les lycéens les ont rejoints, alignés derrière la banderole de leur établissement. Certains, visiblement peu expérimentés, se tiennent la main pour créer un cordon de sécurité contre on ne sait quelle menace. Quelques enseignants et des chercheurs sont disséminés dans la manifestation.

Illustration - Mobilisation étudiante, suite !

Maria, 17 ans, étudiante en 1ère année de théâtre à Censier Paris III, se tient avec deux de ses amies, à l’écart des cortèges. Elle ne souhaite pas se syndiquer car elle estime « avoir encore beaucoup de choses à apprendre en politique » et souhaite surtout « rester libre » . Sur les mobilisations actuelles, elle affirme que « la loi LRU est un prétexte. C’est ce que l’on dit à toutes les AG. On rejette cette loi mais on remet également en cause tout un système. » À Paris III, bloquée depuis plus d’une semaine, les enseignants et les étudiants essaient d’organiser une « université populaire » , explique-t-elle. Ainsi, un grand débat sera organisé le lendemain sur « Quelle université voulons-nous ? » .

A l’inverse, « à Tolbiac, les enseignants peinent à se mobiliser » , regrette Julie (prénom d’emprunt), une militante des Jeunesses communistes révolutionnaires (LCR) : « Les syndiqués SNESUP ont condamné la loi LRU mais ils ne semblent pas décidés à s’engager dans la bataille. » Jean-Michel, chercheur en biologie au CNRS, pense que « les enseignants-chercheurs doivent se mobiliser aux côtés des étudiants » . Il regrette qu’au CNRS, le mouvement ne prenne pas. « Le problème, c’est que nous devons faire face à une réforme du CNRS et cela pèse sur la mobilisation contre la LRU. Or, selon moi, c’est la même logique. La recherche est désormais soumise à la rentabilité » . Jean-Michel appartient au collectif Sauvons la recherche, qui a participé à la réalisation de Universités le grand soir , un documentaire largement diffusé sur les blogs militants.

Illustration - Mobilisation étudiante, suite !

Les étudiants poursuivent leur marche, dans une ambiance décontractée et bon enfant. Certains font la ola, d’autres quelques passes de rugby. À l’approche du Ministère de l’enseignement, les manifestants tombent sur un os. Une flopée de CRS les attend et bloque le passage.

Pour répondre à l’affront, le camion de tête de cortège passe la chanson « Assassins de la police » . Après quelques minutes d’attente, tous rebroussent chemin. Julie, venue déposer le matin même le parcours de la manifestation à la Préfecture, explique « qu’ils s’étaient pourtant engagés à laisser la rue Descartes ouverte » .

Une fois la manifestation disloquée, une centaine d’étudiants, décidés à continuer coûte que coûte, partent en silence vers le quartier Latin. L’atmosphère est moins festive : « C’est quoi ce cortège funéraire ? C’est en l’honneur de la mort du conflit social ? » lance un étudiant. Mal organisés, certains hésitent à retourner à la Sorbonne. « N’y allez pas ! Suivez-nous les moutons, c’est blindé de CRS là-bas » , s’énerve une étudiante de Tolbiac. C’est « le bordel » et plusieurs redoutent de se faire « coincer » . On s’emmitoufle dans son écharpe et des tracts circulent « pour répondre à la répression policière » .

Boulevard Raspail, vers 18h30, un barrage de CRS attend la cinquantaine de récalcitrants. Dans le calme, les étudiants se postent devant les CRS et scandent quelques slogans.

« Allez les bleus ! » ironise l’un d’entre eux, en référence à la répression de la semaine passée à Nanterre. Après une brève altercation avec les CRS, plusieurs étudiants demandent à leurs camarades de reculer dans le calme. En quête d’une voie de sortie, ces derniers combattants semblent un peu paumés. Plusieurs voix s’élèvent contre ceux qui partent sur la pointe des pieds : « On reste ensemble ! » Les CRS et les policiers affluent de chaque côté du boulevard Raspail. Après une course-poursuite dans le quartier Latin, une quarantaine d’interpellations mettra fin à la balade.

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