Petit Who’s who syndical

Les divisions entre syndicats relèvent des différentes stratégies adoptées pour faire face à un engagement faible et à l’absence de relais au niveau politique.

Jean-Baptiste Quiot  • 8 novembre 2007 abonné·es

La CFDT « réformiste et impatiente ! »

C’est la stratégie de la CFDT depuis le début des années 1980. Face à une désyndicalisation importante et à l’expérience Mitterrand, qui confirme aux yeux de la CFDT l’illusion des débouchés politiques, le syndicat s’engage dans « un syndicalisme de transformations sociales négociées, alternative au syndicalisme du refus de la CGT » .

En 1995, Nicole Notat avait déjà soutenu le « plan Juppé », non sans contradictions : « Le gouvernement a repris des revendications de la CFDT. Nous avons envie d’être un contre-pouvoir libre et autonome. » Une position paradoxale que l’on retrouve lors du référendum sur la Constitution européenne : « La CFDT manifeste contre la directive Bolkestein tout en affichant son soutien à la Constitution ». Si la réforme de 1995 ne passe pas, celle de 2003 sur les retraites aboutit grâce, notamment, au soutien de François Chérèque, pour qui la réforme est un « compromis acceptable ». Mais cette rupture du front syndical coûte cher à la CFDT, qui a vu ses effectifs baisser de 10 % depuis 2003.

La CGT dans l’embarras

La stratégie du « dialogue social » met la CGT dans l’embarras, comme on a pu le constater le 18 octobre dernier, quand la centrale appelait seulement à une grève de 24 heures et non pas à un mouvement reconductible, malgré la participation historique des salariés à la grève.

Syndicalisme de lutte, de construction d’un rapport de forces ou syndicalisme d’accompagnement ? Esseulée au niveau politique par une gauche de pouvoir qui n’a pas su faire fructifier la victoire sociale de 1995, la CGT veut sortir du piège du « syndicalisme du refus » . D’où les atermoiements du conflit de 2003 : d’un côté, refus d’un accord avec le gouvernement, et, de l’autre, refus de la grève générale qui trouble une partie du mouvement social. Même hésitation avec le traité constitutionnel européen. Malgré l’avis de la direction, le comité confédéral national se prononce alors contre le traité. Mais, un peu auparavant, la CGT intégrait la Confédération européenne des syndicats (CES), porte d’entrée dans les institutions européennes, mais partisane du « oui ».

Les « frondeurs » de FO

Lors de son congrès de 2000, FO confirme, pour sa part, le choix d’un syndicalisme « frondeur », seul contre tous et hostile à la mondialisation. Pour Marc Blondel, « la recherche de compromis est de plus en plus difficile » . Mais cette stratégie de l’isolement masque l’éclatement des tendances et des courants du syndicat, qui recouvre réformistes et trotskystes. Ces derniers sont d’ailleurs influents chez les cheminots, d’où la volonté d’en découdre dans une grève reconductible le 18 octobre dernier et le 14 novembre prochain. Cependant, depuis 2004, Jean-Claude Mailly veut apaiser les relations internes et rétablir l’équilibre grâce à ce qu’il appelle un « réformisme militant » : « Un syndicat n’est pas réformiste ou contestataire, il est les deux à la fois. »

SUD, contre le syndicalisme « social-libéral »

Le syndicat altermondialiste SUD se crée en 1988 à partir « de refus net du syndicalisme social-libéral ». Son positionnement est souvent radical, comme en témoigne l’appel de ses fédérations à une grève « à durée illimitée reconductible » pour le 14 novembre. Cette radicalisation est un facteur de division supplémentaire pour certains, mais pour les syndicalistes de SUD, il constitue « le ferment d’une recomposition unitaire » . Pour eux, l’échec de 2003 est imputable à la CFDT, « qui a poignardé dans le dos le mouvement » . Mais également à « l’incapacité des organisations syndicales à proposer des perspectives d’action et notamment de débattre sur la grève générale reconductible » .

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