Voyages en solidaire

Un guide indispensable s’adresse à tous ceux
qui veulent partir dans les pays du Sud pour y apporter de l’aide.

Eléonora Farade  • 8 novembre 2007 abonné·es

Le Réseau d’information et de documentation pour la solidarité internationale et le développement durable (Ritimo) publie une nouvelle édition d’un excellent guide intitulé Partir pour être solidaire ? L’ouvrage, qui a connu un franc succès à sa première édition en 2002, assume pleinement la vocation du réseau, qui est « d’informer le public pour renforcer la solidarité » . Destiné à tous ceux qui souhaitent se rendre utiles dans les pays du Sud, il ouvre de nombreuses pistes, que ce soit pour partir comme volontaire, bénévole ou salarié, dans le cadre de chantiers internationaux, ou pour faire du tourisme équitable et solidaire. Ritimo met en lumière le vaste monde des ONG de solidarité internationale, qui « donnent l’impression de remplir le vide laissé par un État en retraite » , comme le dit la pacifiste Arundathi Roy. On découvrira le contexte dans lequel évolue la solidarité internationale, mais aussi ­ et cela répond en partie à l’interrogation formulée dans le titre de l’ouvrage ­ un propos invitant à la lucidité : il n’est pas forcément indispensable de partir pour « être utile » .

Ritimo défend « une indispensable solidarité » en rappelant que « la richesse augmente dans le monde » et que « des millions de personnes ne peuvent satisfaire leurs besoins élémentaires. Les ressources sont suffisantes, mais les choix ne semblent pas être les bons » . Les exemples ne manquent pas, notamment le programme « Relations directes » de l’association « Afric’ Impact », qui a montré à des jeunes comment leur action pouvait être importante en Occident, à travers le commerce équitable, l’épargne solidaire ou le militantisme de terrain. Le réseau d’information ne s’épargne pas un certain nombre de problématiques et de questionnements concernant l’utilité des ONG, dont on ignore souvent la portée des actions sur le terrain. De ce fait, l’ouvrage s’adresse aussi à ceux qui veulent réfléchir aux modèles actuels de développement.

Loin des guides fourre-tout, celui-ci apprend à ne pas faire d’amalgames entre le tourisme, le volontariat et le bénévolat. On lit dans ces pages qu’il devient indispensable de redéfinir un certain nombre de termes qui ont aujourd’hui perdu de leur sens, tels que « tourisme équitable », « chantiers internationaux », « mission humanitaire », qui font désormais partie de notre vocabulaire. Il s’agit aussi de dépasser les bons sentiments. Et de se prémunir des déceptions afin de donner un sens à ses motivations et à ses idées. L’engagement solidaire est autant fondé sur des valeurs d’altruisme que sur une volonté de valorisation de soi. Le reconnaître permet de relativiser l’importance que l’on peut donner à l’engagement en termes d’aide ou d’assistance.

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