Femmes en cage

Jean-Claude Renard  • 4 janvier 2008 abonné·es

La ville de Vechta compte la seule prison de femmes en Allemagne du Nord. Elles sont plus de cent trente détenues, condamnées à de petites et moyennes peines. Filmée par Luz Wetzel, la prison semble d’abord un établissement modèle. Rien de vétuste mais du flambant neuf, coloré, décoré dans ce qui s’apparente à une communauté. Tout se partage, et notamment l’éducation des enfants. Le dispositif de sécurité est faible, comparé aux établissements réservés aux hommes. Ici, personne n’a tenté de s’évader depuis plus de quinze ans.

C’est une statistique qui revient chaque année : si la proportion des femmes dans la population carcérale est inférieure à 5 % en Allemagne (comme en France), les évasions sont rares. Peu de violence, mais un discours feutré. À Vechta, nombre de femmes travaillent pour occuper leur journée, avant de retrouver le soir leur cellule individuelle. C’est aussi là qu’elles vivent avec leurs angoisses, la séparation avec les familles, les enfants (on n’est pas mère « à distance »). D’où les objectifs fixés par le directeur : renforcer l’estime de soi pour préparer leur retour à la liberté, privilégier une sécurité qui doit être sociale avant tout. Pour une raison implacable : avant d’avoir été délinquantes, criminelles, ces femmes ont d’abord été des victimes.

Le second documentaire circule entre l’Allemagne et la France, tourné vers les jeunes délinquantes, et les systèmes mis en place avant la case prison. C’est l’occasion de rappeler une batterie de peines alternatives en Allemagne, tandis qu’en France, depuis juillet dernier, les mineurs peuvent être traités comme des adultes dès l’âge de 16 ans (contre 21 ans outre-Rhin). Soit « éduquer avant de punir », plutôt que la répression. Le troisième documentaire pourrait paraître plus léger, avec pour sujet l’élection d’une miss dans un établissement pénitentiaire de Rio. En réalité, c’est là juste une pause légère, une image créée pour des besoins de communication et de réputation dans le quotidien d’une taule surpeuplée, aux conditions sanitaires déplorables, lieu de mutineries, de meurtres entre détenues. D’une prison à l’autre, reste la réalité de la détention, avec ou sans texte feutré, avec ou sans paillettes.

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