Les deux font la paire

Ingrid Merckx  • 24 janvier 2008 abonné·es

Jean-Michel et Valérie

« Journée éprouvante : les négociations se sont mal passées » , résume ce soir-là Jean-Michel, informaticien, délégué syndical dans la société où il travaille depuis 1988. Depuis qu’il lit Politis, en fait : « J’ai retrouvé le numéro 7 chez ma mère » , s’amuse cet informaticien de 41 ans. Son syndicalisme date d’un peu plus tard, quand, en 1991, il est entré à la CFDT. « Je suis en franc désaccord avec la confédération , prévient-il, mais la CGT est inexistante dans ma boîte. On a pensé créer une section SUD, mais cela voudrait dire se couper d’une partie du personnel, dont je suis également délégué. » Il assume donc cette contradiction, plutôt inconfortable. L’avantage : elle permet un débat d’idées. Ce qui compte beaucoup pour lui.

C’est d’ailleurs ce qu’il apprécie dans Politis , qu’il voit un peu comme « une famille » , soit « un rassemblement de personnes différentes qui peuvent se retrouver sur certains points, comme sur le référendum pour un traité européen ». Et exprimer des divergences : il redoute de trouver dans Politis des positions trop « loin des gens » sur le conflit au Proche-Orient. Il s’est agacé de l’entretien avec Nathalie Kosciusko-Morizet, et a trouvé « inutile » le zoom sur Nicolas Hulot. Il voudrait aussi y voir analysés des dysfonctionnements syndicaux et associatifs, traités avec trop de complaisance « quand on sait ce qui s’y passe » . Son épouse, Valérie, 37 ans, travaillant dans le marketing associatif depuis la fin de ses études, y lirait bien davantage de sujets liés aux jeunes, « parce que l’engagement commence tôt » . Dès les premiers livres, précise-t-elle, en saisissant un album de leurs petites filles sur l’histoire d’un enfant réfugié en France. Dans cette famille, Politis est plus qu’un journal : le signe de choix individuels.

Valérie a découvert Politis quand il avait deux ans, alors qu’elle débutait sa vie professionnelle à Terre des hommes. C’est là qu’elle a rencontré Jean-Michel. « On n’a pas tout à fait les mêmes idées, sourit-elle *. Je suis plus proche des Verts et du PS. »* Lui serait « plus à gauche » , sans savoir trop où. Si ce n’est du côté antilibéral, même s’il n’aime pas le mot. Au Nouvel An, à des amis qui leur demandaient si cela ne les gênait pas d’être abonnés à un journal « orienté » , ils ont répondu : « Quel journal ne l’est pas ? » « Les gens sont de moins en moins politisés, regrettent-ils, ils ne veulent pas qu’on les identifie. » À tout prendre, ils préfèrent ceux qui s’opposent : « La « neutralité », c’est ce qu’il y a de pire. »

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