Travailleurs en quête de régularisation

Thierry Brun  • 24 janvier 2008 abonné·es

« Je m’appelle Idrissa. Je travaille en CDI depuis cinq ans dans un restaurant. Je cotise à la Sécurité sociale, à la caisse de retraite, aux Assedic, je paie mes impôts, mais je n’ai pas de papiers. Je travaille avec la carte de mon frère. Ai-je les mêmes droits que les autres travailleurs ? » Ce témoignage et d’autres ont été recueillis dans un document réalisé par un collectif d’organisations syndicales et de sans-papiers. Intitulé « Sans papiers, défendons nos droits de travailleurs ! » , ce document (mis en ligne sur notre blog) est destiné à appuyer les démarches de régularisation des salariés sans papiers et sera accompagné, le 1er février, d’une action en direction des organisations patronales.

Une quarantaine d’associations de soutien comptent en effet s’engouffrer dans une brèche ouverte par le gouvernement avec la publication, le 7 janvier, d’une circulaire rectifiant celle du 20 décembre 2007, qui comptait limiter aux seuls travailleurs des pays venant d’intégrer l’Union européenne une liste de 150 métiers « sous tension » . Cette circulaire excluait de fait « des dizaines de milliers de travailleurs d’Asie et d’Afrique, embauchés dans ces secteurs depuis des années, cotisant et déclarant leurs impôts… » , ont rappelé Jean-Claude Amara, porte-parole de Droits devant !!, et Raymond Chauveau, de l’union locale CGT de Massy (Essonne). « En toute cohérence, la circulaire du 7 janvier doit arrêter la vague de licenciements de travailleurs sans papiers en cours depuis le 1er juillet, et permettre leur réintégration » .

Mais la nouvelle circulaire contient aussi des effets pervers. Elle concerne, « par définition, un nombre très limité de bénéficiaires » et rejette l’idée d’une « opération générale de régularisation » . À titre exceptionnel, le texte invite les patrons ayant embauché de « bonne foi » des travailleurs sans papiers à se présenter en préfecture pour obtenir la régularisation de ces derniers, s’ils exercent un métier qui « connaît des difficultés de recrutement particulièrement aiguës dans le bassin d’emploi concerné » .

Raymond Chauveau expose la stratégie adoptée : « On va porter plusieurs cas d’entreprises qui ont licencié leurs salariés sans papiers aux prud’hommes […] *. La consigne est que personne ne doit se présenter en préfecture. Il faut passer par les organisations syndicales et de sans-papiers, car certains ont été expulsés ou sont en voie d’expulsion, comme c’est le cas de Madi Diebakate, licencié par Buffalo Grill. »*

Les organisations syndicales comptent donc batailler ferme dans le cadre d’actions collectives pour la régularisation des salariés sans papiers, estimés à plus de 400 000.

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