De source antillaise

Morceaux anciens pour voix et tambours aux journées Caraïbes de la Cité de la musique.

Denis Constant-Martin  • 14 février 2008 abonné·es

À la source de la plupart des musiques antillaises modernes, on trouve des voix et des tambours qui se répondent. La voix, c’est tout ce qui restait aux esclaves ; le tambour, c’est ce qu’ils ont pu reconstruire pour redonner vie à des corps déshumanisés. Sur cette base, d’autres formes musicales furent inventées qui, bien vite, conquirent le monde. Les pratiques anciennes, chants de travail, chants de veillée, soirées de danse n’en disparurent pas pour autant, même si les instruits y attachaient encore la honte d’un esclavage qu’ils voulaient oublier. Elles furent retrouvées par la jeunesse nationaliste des années 1960 et 1970, puis redécouvertes par des musiciens engagés dans d’autres styles. Elles n’en poursuivirent pas moins leur chemin propre. Ce sont deux groupes qui se consacrent à la perpétuation de ces traditions, le bélè en Martinique et le gwo ka en Guadeloupe, que la Cité de la musique a inscrits au programme de ses journées Caraïbes.

Sainte-Marie, en Martinique, est un conservatoire de formes culturelles anciennes, une Maison du bélè y a d’ailleurs été créée. De vieux maîtres tambourinaires ont été réunis en un ensemble qui incarne une conception de la pureté proche de l’austérité et néanmoins ardente. Sainte-Anne, en Guadeloupe, est le berceau d’une famille de musiciens fameux, les Geoffroy, connus pour leur art à animer les veillées et à perpétuer le boulagèl (onomatopées rythmiques qui remplacent les percussions). Sergius fonda l’ensemble Kan’Nida, repris après sa mort par son frère René. Souplesse des rythmes, intensité sur tous les tempos, imagination dans l’improvisation confèrent à ce groupe un charme auquel on ne peut résister. Les Maîtres du bélè de Sainte-Marie comme Kan’Nida de Sainte-Anne rappellent la richesse et la vitalité des musiques premières des Antilles créoles.

Culture
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