Rifondazione : « Une volonté de renouvellement culturel »

Olivier Doubre  • 14 février 2008 abonné·es

Déjà, à la fin des années 1990, lorsqu’on assista au regain de divers mouvements (pacifiste, féministe ou altermondialiste) après les glaciales années 1980, Fausto Bertinotti, leader historique du Partito della Rifondazione comunista (PRC), avait surpris, aussi bien à l’extérieur que dans son propre parti, en déclarant souhaiter faire de son organisation une sorte de « mouvement des mouvements » . Rifondazione, né en 1991 sur le refus d’abandonner les nom et symbole communistes, ne s’est pas, en effet, rigidifié sur son héritage marxiste et une stricte idéologie léniniste, à la différence d’autres partis communistes. Aujourd’hui, cette volonté d’ouverture vers d’autres sensibilités, couplée au « dépassement de la forme-parti » selon la formule même de Franco Giordano, son secrétaire national, se poursuit dans la construction d’une fédération de tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans la perpétuelle « course au centre » de sociaux-démocrates ayant cessé toute critique du néolibéralisme. Bien sûr, certaines résistances existent aussi au sein du PRC, notamment en ce qui concerne le symbole et le drapeau.

Une petite partie de son « aile gauche », principalement trotskiste, l’a même quitté au moment de sa participation à l’Assemblée des 8 et 9 décembre dernier, acte de naissance de La Sinistra-L’arcobaleno. Pourtant, la direction de Rifondazione n’oublie pas sa base ouvrière puisque, après le tragique accident qui a coûté la vie à huit ouvriers aux aciéries ThyssenKrupp de Turin et provoqué une grande émotion dans le pays, le parti organisait samedi 9 février, devant l’usine, une imposante « assemblée des travailleurs », afin de « replacer la question du travail au coeur du débat politique » . Le logo de La Sinistra-L’arcobaleno y était en bonne place, avec la participation de délégations de ses autres composantes .

En effet, construire « une gauche unitaire et ouverte ne signifie en rien être moins déterminé à changer radicalement la société, bien au contraire » , comme nous l’a expliqué longuement Franco Giordano après son discours très applaudi. « Il s’agit de développer une critique du capitalisme , poursuit-il avec passion, qui provienne des formes traditionnelles du conflit de classes, mais aussi à partir de l’agression capitaliste envers la nature, des différences de genres, de la grande contradiction entre la guerre et la paix, puisque nous avons exprimé récemment notre choix en faveur de l’idée de la non-violence, ce qui n’est en aucun cas une volonté de modération mais bien une volonté de dépassement, de renouvellement culturel. En travaillant à une « transformation moléculaire de la société » comme aurait dit Gramsci ! »

Politique
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