Sauver l’Amazonie

Alain Ruellan  • 14 février 2008 abonné·es

Le 12 février, les présidents Lula et Sarkozy se sont rencontrés à la frontière franco-brésilienne, sur la rivière Oyapock. On y a parlé, paraît-il, de coopération scientifique franco-brésilienne pour la biodiversité : en oubliant tous les projets déjà élaborés… Messieurs, il faut faire très vite ; car entre ceux qui détruisent la forêt et ceux qui veulent en vivre durablement, il y a bien course de vitesse.

Eh oui, elle est relancée : au Brésil, après une brève accalmie, la destruction de la forêt amazonienne et de ses immenses richesses biologiques a repris de plus belle. Face aux tracteurs, aux scies mécaniques et aux feux, les peuples de la forêt, les écologistes et autres promoteurs de l’utilisation durable de la forêt ont bien du mal à faire front.

Le gouvernement Lula s’inquiète… mais porte une lourde responsabilité. Qu’a-t-il fait depuis cinq ans, si ce n’est pactiser, contre l’avis de sa ministre de l’Environnement, Marina Silva, avec ceux dont le projet est de faire de l’Amazonie un immense territoire agricole, consacré au soja, aux bovins et maintenant aux agrocarburants ? Remplacer le pétrole par de l’alcool et de l’huile produits sur les espaces mis à nu par la destruction de forêts au patrimoine biologique parmi les plus riches du monde : on est en pleine folie.

On peut faire autrement. La forêt sur pied, bien utilisée, vaut plus que la forêt détruite ; de nombreuses expériences le démontrent. À la frontière de la Guyane française, dans l’État brésilien de l’Amapá, il y a eu, pendant huit ans, de 1995 à 2002, une expérience politico-socio-économique de développement durable. L’équivalent est aujourd’hui en cours, depuis neuf ans, dans l’État brésilien de l’Acre, situé en frontière du Pérou et de la Bolivie. Un peu partout en Amazonie se multiplient des pratiques fondées sur l’utilisation durable des ressources biologiques forestières. L’urgence maintenant est de faire le point sur toutes ces expériences, de diffuser ce qui est reproductible, de promouvoir d’autres projets, de multiplier les lieux de recherche et d’expérimentation « grandeur nature ». Les savoirs scientifiques et populaires concernant l’utilisation durable des ressources des forêts et d’autres milieux amazoniens sont considérables mais peu exploités.

Président Lula, concrétisez le choix politique du développement durable que vous avez fait en mai 2003, à Rio Branco. Multipliez les initiatives pour aider à l’occupation protectrice de la forêt. Ce n’est pas un grand institut de la biodiversité amazonienne qu’il faut créer, mais un réseau de petits instituts, en s’appuyant sur l’existant. L’immense Amazonie offre une grande diversité, biologique, écologique, humaine, mais aussi d’expériences accumulées ; ce sont toutes ces richesses qu’il faut découvrir et valoriser. La coopération française doit y être favorable.

Écologie
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