« Lutter contre l’exclusion »

L’Inter-réseau européen des initiatives éthiques et solidaires
a ouvert une antenne en Île-de-France. Les explications de sa coordinatrice, Muriel Rochut.

Thierry Brun  • 6 mars 2008 abonné·es

Qu’est-ce que l’Inter-réseau européen des initiatives éthiques et solidaires(Iris) et quelle est son origine?

Muriel Rochut: L’Iris est une association de droit alsacien, dont le siège social est à Strasbourg. Son conseil d’administration regroupe différents réseaux européens et internationaux travaillant dans le champ de l’économie sociale et solidaire. Il est issu d’un dialogue mené entre les institutions représentatives au sein du Conseil de l’Europe (assemblée parlementaire, congrès des pouvoirs locaux et régionaux, comité des ministres, etc.) et des réseaux européens d’initiatives éthiques et solidaires, par exemple l’International Fair Trade pour le commerce équitable et la Fédération européenne de finances et banques éthiques et alternatives. Ce dialogue a abouti, fin 2004, à la mise en place d’une plate-forme de dialogue politique sur les actions des citoyens pour la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Il a aussi conduit des réseaux à s’accorder sur l’idée d’un inter-réseau, qui s’est formellement constitué début 2007.

L’Iris s’est récemment engagé dans un projet de restaurant associatif dans le XIVe arrondissement de Paris. Comment avez-vous sélectionné ce projet?

Il est nécessaire de revenir sur l’historique d’Iris en Île-de-France. Pour mener à bien de nouvelles expériences de lutte contre l’exclusion sociale, et en particulier le programme «Territoire responsable», l’échelle régionale et locale est la plus pertinente. D’où la venue d’Iris en Île-de-France. Nous avons prévu plusieurs phases, qui ont débuté en 2007 et se poursuivront en 2008. En mars2007, nous avons recensé les initiatives de lutte contre la pauvreté et l’exclusion. En septembre, nous avons confronté des expériences et identifié de nouvelles complémentarités, en mettant en valeur des synergies possibles entre différents types de territoires. C’est ainsi qu’Iris s’est installé dans le XIVeen octobre. Depuis quelques mois, nous sommes dans une phase de mise en oeuvre des expérimentations les plus novatrices en termes de lutte contre l’exclusion sociale. Un groupe de coordination local a été créé en novembre et a décidé de militer pour l’installation d’un restaurant associatif sur la couverture du périphérique (entre les villes de Paris, Malakoff et Vanves).

Quelles sont les raisons de ce choix?

Il s’agit d’abord d’un projet intercommunal, qui associe donc Paris et sa proche banlieue. Ce projet a ensuite une vocation d’insertion par l’activité économique. Non seulement il est fédérateur de plusieurs approches de lutte contre l’exclusion, mais c’est surtout un moyen de relier la ville et la campagne, de participer à une économie de circuits courts. Pour ce restaurant, nous avons l’ambition ­parce que cela se pratique ailleurs dans l’arrondissement­ que la majeure partie des produits transformés vienne de producteurs de proximité et du commerce équitable, ce que nous appelons les solidarités Nord-Nord et Nord-Sud. Ces choix doivent participer à la reconquête de la Ceinture verte. Nous avons aussi décidé de créer en juin un événement en Île-de-France. Nous organiserons un séminaire dont les objectifs seront de renforcer la connaissance mutuelle des acteurs qui travaillent dans ce domaine, avec un thème qui n’est pas encore arrêté.

S’agit-il de faire appel à diverses organisations de commerce équitable, par exemple Minga?

Pour ce qui concerne le commerce équitable, la réponse est oui. Nous associons d’ailleurs à la création de ce lieu l’équipe locale d’Artisans du monde. Et pour ce qui est de Minga, oui, nous aimerions l’associer. Le projet n’en est qu’à ses balbutiements, et pour l’instant nous avançons étape par étape. Il s’agit clairement d’un projet alternatif, car nous voulons travailler avec des exploitations de type familial, des jardins d’insertion, par exemple le Réseau Cocagne, la Fnars-Île-de-France et tous les acteurs qui travailleront dans ce sens. Les élus sont également inclus dans le groupe de coordination régional, notamment Francine Bavay, vice-présidente de la Région en charge du développement social, de l’économie sociale et solidaire, de la santé et du handicap, et dans le groupe de coordination local, auquel participent les adjoints du XIVe arrondissement chargés de la politique de la ville et de l’action sociale.

Quels sont les moyens financiers de l’Iris et d’où viennent-ils?

Le projet européen est subventionné par l’Union européenne, le Conseil de l’Europe, et, pour le projet régional, par la Délégation interministérielle à l’innovation, à l’expérimentation sociale et à l’économie sociale, qui est rattachée au ministère de la Santé.

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