Succès et revers des listes alter…

Au fil des semaines, nous avons évoqué les combats de quelques listes de gauche exigeantes. Si toutes n’ont pas réussi à percer, leurs scores témoignent d’un désir de gauche insatisfait.

Marine Raté  • 13 mars 2008 abonné·es

Allauch

Son intitulé est devenu réalité. « Enfin la Gauche à Allauch ! » était la seule liste d’opposition à Roland Povinelli, maire « socialiste » à la tête d’une liste PS, Verts, MoDem… et UMP, dont d’anciens FN ( Politis n° 992). Constituée par un collectif de citoyens rassemblés sur des valeurs de gauche anticapitaliste, soutenue par des partis (LCR, PCF), des associations (Ballon rouge, Rouges vifs) et le collectif antilibéral local, elle a recueilli 18,85 % des voix. Ce score double quasiment les suffrages obtenus par la gauche du « non » au TCE lors des législatives 2007 dans cette commune des Bouches-du-Rhône, et ce malgré une campagne de dénigrement, à la limite de la diffamation, de l’actuel maire. Ce résultat « valide notre démarche de rassemblement de la « vraie » gauche » , explique Guy Viallon, sa tête de liste, et fait entrer au conseil municipal trois élus qui « vont assumer la présence d’une opposition qui n’existait pas depuis 2001 et vont s’employer à respecter les engagements pris : établir sur la commune une nécessaire transparence démocratique ; veiller au développement des services publics sous maîtrise publique ; maintenir un lien étroit avec l’ensemble de la population » .

Saint-Christol-lez-Alès

L’effort a payé, la liste « Clarté et démocratie » arrive en tête du premier tour dans cette commune du Gard de 6 000 âmes. Un joli score, 35,02 % des voix, et une belle revanche prise sur le sortant socialiste, Jean Sirvin (25,22 %), pour cette liste qui, contrairement à son adversaire, ne réunit que des gens de gauche mais toutes les sensibilités. En 2001, il ne lui avait manqué que 120 voix pour l’emporter ( Politis n° 990) ; elle devance de 338 voix la liste de Jean Sirvin, alliée à la droite UMP et intitulée ­ ça ne s’invente pas ­ « Unis pour l’avenir », ainsi qu’une liste divers gauche (21,34 %). De quoi être optimiste…

Toulouse

Illustration - Succès et revers des listes alter…


François Simon conduisait l’Autre Liste, à Toulouse. CABANIS/AFP

La division était suicidaire. Les deux listes antilibérales qui se présentaient aux suffrages des Toulousains se partagent certes un joli petit paquet de voix. « L’Autre Liste », conduite par François Simon, obtient 5,42 % et devance de peu « Debout ! », qui réunissait la LCR et l’essentiel des Motivé-e-s derrière Myriam Martin (5,07 %). Mais la concurrence leur a été fatale puisque aucune ne peut se maintenir au second tour. Résultat, « le paradoxe toulousain » que nous évoquions dans un reportage ( Politis n° 991) se résout de la pire manière qui soit. Après un entretien avec chacun, le socialiste Pierre Cohen, qui conduit la liste d’union de la gauche (39 %) face au maire sortant UMP, Jean-Luc Moudenc (42,6 %), a décidé de ne fusionner avec aucune des deux, ni avec le MoDem (5,9 %). Préférant remettre son sort et celui de la 4e ville de France entre les mains des abstentionnistes, nombreux en ce premier tour (43,50 %).

Libourne

La liste « Alterlib », conduite par Philippe Labansat, a fait un petit score, 4,45 % des suffrages exprimés, face à la liste d’union de la gauche de Gilbert Mitterrand, réélu avec 53,45 %, aux commandes de cette commune de Gironde. Le résultat de cette liste « résistante » n’est cependant pas négligeable dans la mesure où « ce petit noyau novice en politique » s’est lancé dans la bataille municipale, il y a cinq mois ( Politis n° 990), pour résister en affichant une politique différente. Plutôt issus du monde associatif, les membres de la liste se sont concentrés sur les services publics de Libourne, qu’ils auraient souhaités en gestion directe par la commune. Mais le vote utile a été massif pour battre le candidat UMP (31,47 %).

Pézenas

Avec 13,42 % des suffrages exprimés, « Cap à gauche » est en mesure de se maintenir ou de négocier son soutien dans cette cité héraultaise de 8 500 habitants où la liste divers droite est en tête avec 48,30 % contre 38,27 % pour la liste du parti socialiste. Cette liste « qui vient de loin » ( Politis n° 991) progresse même légèrement par rapport à 2001 (12,6 %). Ce qui est plutôt encourageant.

Saint-Nazaire

Objectif atteint pour « Label Gauche », qui visait les 10 % dans le port de Loire-Atlantique. Malgré une abstention élevée (46,13 %), la liste conduite par Thierry Brulavoine ( Politis n° 992) a obtenu 12,24 % des suffrages. « Satisfaits », ses membres ont décidé de continuer au second tour, sans discuter avec le maire sortant (PS), Joël Batteux, qui a réuni 43,23 % des voix, et ne les a d’ailleurs pas contactés. Dans cette ville ancrée à gauche depuis 1983, les listes centre-droite et de droite ne dépassent que faiblement les 18 %.

Clermont-Ferrand

Assurément un des plus forts ancrages de la gauche antilibérale, la capitale de l’Auvergne (140 000 habitants) a porté la liste « À gauche 100 % » à un niveau jamais atteint : 13,81 %. Un joli pied de nez aux médias locaux, qui n’avaient pas jugé utile d’inviter son représentant lors du débat télévisé aussi policé que ronronnant entre les chefs de file du PS, de l’UMP et du MoDem. « À gauche 100 % » avait d’ailleurs rebondi sur ce « boycott » en éditant un DVD assez cocasse ( Politis n° 991). Ce score doit beaucoup à l’implantation d’Alain Laffont, sa tête de liste. Élu au conseil municipal depuis 1995, à chaque fois après fusion de sa liste avec celle de la gauche plurielle, ce membre atypique de la LCR a constamment cherché à allier le rouge et le vert, le social, l’écologie, le féminisme et l’altermondialisme. Parfois contre la direction de son parti. Il est aussi à l’origine d’un important mouvement de fronde, massivement soutenu par les médecins de l’agglomération, contre l’implantation d’un incinérateur dans la cuvette clermontoise ( Politis n° 992). Cette fois, le maire socialiste sortant, Serge Godard (49,45 %), n’a pas besoin de s’encombrer de cet allié poil-à-gratter pour être réélu. Mais quelle que soit l’issue des discussions sur une possible « fusion », « À gauche 100 % » peut se maintenir et aura des élus.

Villeurbanne

Avec un fort taux d’abstention (50,58 %) dans cette commune du Rhône, la liste de Gilles Lemée, « le Covra » (le Collectif villeurbannais pour un rassemblement antilibéral) ne pouvait espérer faire mieux qu’un honorable 5,83 % des voix. La gestion social-libérale de cette commune ouvrière, qu’elle dénonçait ( Politis n° 992), peut perdurer tranquillement. Le maire sortant, Jean-Paul Bret (PS), est loin devant avec 46,53 % des suffrages.

Montauban

La candidate UMP, Brigitte Barèges, maire sortante, est en tête du premier tour avec 43,83 % des voix, mais ce n’est pas, contrairement à 2001, le résultat d’un fort taux d’abstention puisque celui-ci n’est que de 30,39 %. La liste « Montauban citoyenne », qui avait fait de la participation électorale un enjeu ( Politis n° 992) pour la reconquête de cette ville perdue en 2001 après trente ans de gestion de gauche, peut aussi se satisfaire d’un beau 10,47 % qui lui permet d’espérer 8 élus après un accord de fusion avec la liste PS (33,51 %).

Clamart

Si on devait attribuer une note au résultat obtenu par l’Alternative clamartienne, comme Agnès Hartemenn, sa tête de liste, s’était amusée à noter Philippe Kaltenbach, maire PS de cette commune des Hauts-de-Seine ( Politis n° 991), la note serait faible. Le groupe alternatif de gauche de Clamart n’obtient que 3,86 % des voix, contre 47,60 % pour la liste d’union de la gauche conduite par le sortant. Le vote utile contre la majorité présidentielle, écrasante dans ce département, s’est fait encore une fois sentir.

Le Pré-Saint-Gervais

« La gauche autrement », une liste citoyenne soutenue par les Verts, les Alternatifs et la LCR, déjà présente en 1995 et en 2001 ( Politis n° 992), progresse encore avec 17,84 % des suffrages dans cette petite ville (18 000 habitants) de Seine-Saint-Denis, malgré un taux d’abstention de 50,34 %. Mais bizarrerie du mode de scrutin, comme la liste PS d’union de la gauche l’emporte cette fois au premier tour (55,49 %), elle n’obtient que 3 élus et en perd donc 2.

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