Salah Hamouri, otage oublié…

Denis Sieffert  • 24 avril 2008 abonné·es

Dans notre rubrique « les indignations sélectives », voici le cas de Salah Hamouri. Ce jeune Franco-Palestinien (comme Ingrid Betancourt est « franco-colombienne ») vient d’écoper de sept ans de prison, verdict prononcé le 10 avril par un tribunal militaire israélien. Salah Hamouri, qui a déjà attendu trois ans dans sa geôle cette parodie de procès, est condamné pour « un délit d’intention ». Il aurait fait partie d’un groupe qui aurait eu l’intention, évidemment jamais démontrée, d’attaquer une personnalité religieuse israélienne.
On imagine que dans tout autre pays qu’Israël le sort d’un ressortissant français condamné par un tribunal d’exception pour un délit qui n’existe dans aucune démocratie aurait fait l’objet d’interventions diplomatiques et d’une mobilisation médiatique. Ici, pas un mot, ni de Bernard Kouchner, ni de son directeur de cabinet, Philippe Étienne, pourtant plusieurs fois alertés.

Comme si, selon l’expression de l’Union juive française pour la paix, Salah Hamouri était « un citoyen français de seconde zone » qui n’aurait pas droit aux égards et à la protection de la France. Ce cas de « discrimination diplomatique » est d’autant plus frappant que la France n’oublie jamais de mentionner le cas de Gilad Shalit, jeune Franco-Israélien, otage d’une faction palestinienne depuis juin 2006. S’il faut souhaiter que ce jeune homme soit rendu sain et sauf à sa famille le plus tôt possible, on ne peut cependant oublier qu’il a été capturé en uniforme et en arme, alors qu’il effectuait une mission pour une armée d’occupation. C’est hélas le cas de nombreux jeunes Israéliens qui ne sont pas pour autant responsables de la politique de leur pays. Mais si l’on tient absolument à comparer le sort de Gilad Shalit à celui de Salah Hamouri, on ne peut que conclure que le plus « otage » des deux n’est peut-être pas celui que l’on pense.

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