Du bon usage des appels

Porte-parole des Alternatifs, Jean-Jacques Boislaroussie explique qu’il a signé l’appel lancé
par Politis pour unifier les forces contre la droite et contrer la bipolarisation.

Jean-Jacques Boislaroussie  • 5 juin 2008
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Si j’ai signé l’appel initié par Politis, ce n’est certes pas pour constituer une direction autoproclamée de la gauche radicale, mais pour m’inscrire dans la continuité de l’orientation des Alternatifs, qui portent leur propre projet et leurs propositions, et participent aux cadres unitaires de débat et d’action pour une gauche de transformation sociale et écologique.

Il y a en effet urgence à répondre dans l’unité au rouleau compresseur de la droite et du Medef, à contrer le carcan de la bipolarisation.

– Il faut rompre avec la subordination du social et du syndical au politique, l’autoritarisme interne, le culte de l’unanimité, la prééminence des élections sur les initiatives populaires, la participation aux institutions conçue comme une fin en soi.
– Le mouvement altermondialiste a montré que les coopérations horizontales entre syndicats, associations et forces politiques sont possibles : les luttes communes du politique et du social contre leurs ennemis communs n’excluent nullement les contradictions, les débats : le plus grand nombre est concerné.
– Dans un monde ravagé par le capitalisme mondialisé, le productivisme et la marchandisation, l’anticapitalisme est au cœur du projet, le féminisme et l’écologie en font partie intégrante : ce ne sont pas les contradictions secondaires de l’anticapitalisme.
– Quant à l’autogestion, elle n’est ni un supplément d’âme ni un objectif lointain pour les lendemains. L’autogestion, l’auto-organisation sont des exigences immédiates, but, chemin et moyen à la fois, pratique dans les luttes et aspiration dans le fonctionnement même des structures associatives, syndicales, politiques.
– Nous ne refusons pas par principe toute alliance avec le PS, en particulier dans les institutions locales, où des avancées dans les politiques publiques peuvent être réalisées, mais où la vigilance est de rigueur face aux risques d’alignement et de digestion par l’institution.

En revanche, le refus de gouverner aujourd’hui ou même demain avec le PS « réellement existant » (ne nous cachons pas derrière la simple caractérisation d’une orientation sociale-libérale) est clair.
L’appel s’inscrit dans une logique de convergence, vers un front commun, proposition lucide dans la configuration actuelle de la gauche de gauche.
Il faut que puissent se retrouver pour débattre et agir des organisations politiques (PCF, LCR/NPA, les Alternatifs…), des courants de gauche écolos ou socialistes, les collectifs unitaires, qui sont des lieux permettant à des non-encartés et à des encartés de diverses formations politiques d’agir ensemble, et des milliers de femmes et d’hommes que l’on retrouve dans les mobilisations féministes, antiracistes, écologistes, sociales, les pratiques autogestionnaires et alternatives, et toutes ces contestations sectorielles qui forment le kaléidoscope de l’altermondialisme.
Il faut, enfin, ne pas dissocier la question du projet de celle des constructions politiques nécessaires pour ne pas débattre en vase clos, pour nous retrouver, ensemble, sur tous les terrains, pour inventer une alternative.

Politique
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