Évasion réussie

Chanteuse, danseuse et percussionniste, Dobet Gnahoré propose un voyage à travers la diversité culturelle de l’Afrique.

Maïram Guissé  • 24 juillet 2008 abonné·es

Dobet Gnahoré est une artiste charismatique et énergique. Dans les seize titres de son deuxième album, Na Afiki ( Mon Afrique , en dida ivoirien), où elle chante en plusieurs dialectes – le bété ivoirien, le fon béninois, le malinké malien ou encore le wolof sénégalais –, la jeune Ivoirienne propose un voyage à travers la diversité culturelle africaine. Quoi de plus normal pour cette jeune femme sortie tout droit du village panafricain Ki Yi, où l’art de la danse, du chant, du théâtre et de la percussion est enseigné ?

Accompagnée de son mari, Colin, guitariste originaire d’Aix-en-Provence, du Tunisien Nabil Mehrezi, à la basse et au chœur, et du Togolais Boris Tchango, à la batterie et aux percussions, Dobet foule les ­scènes du globe, offrant un tour d’horizon rythmique de l’Afrique. De la rumba congolaise au bikoutsi camerounais en passant par le ziglibiti ivoirien ou encore le mbalax sénégalais, sans oublier les sonorités jazz qui accompagnent nombre de ses morceaux, le quatuor panafricain décline un large répertoire.
À 26 ans, Dobet Gnahoré fait preuve d’une grande maturité. D’une voix tantôt grave, tantôt aiguë, elle évoque des sujets comme le pillage du ­continent africain, la polygamie, la soif d’argent des hommes, et délivre un message optimiste pour la jeunesse africaine. *« J’aimerais que nos politiques et nos anciens prennent la responsabilité de l’avenir de nos jeunes. En Côte ­d’Ivoire, 75 % des gens sont illettrés. L’Afrique doit se réveiller. »
*

Sur scène, chaque titre est accompagné d’un travail théâtral et scénique important. Lors de ses différentes chorégraphies, Dobet Gnahoré mêle danse traditionnelle et contemporaine avec une force explosive. « C’est un moyen d’expression pour que les spectateurs puissent comprendre mes textes », explique-t-elle. Tout au long de ses concerts, l’artiste communique avec son public, l’invitant à chanter des sons ­d’abord simples, puis plus difficiles à répéter. De cette interaction naît une proximité que Dobet entretient même à la fin de ses concerts, où elle va à la rencontre des spectateurs. Un public généralement conquis par l’originalité et l’authenticité de la jeune femme.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes