Chronologie d’une offensive

Isabelle Zyserman  • 11 septembre 2008 abonné·es

Le mouvement de privatisation des services publics a débuté en France après la ratification de l’Acte unique européen (1986) par Laurent Fabius, alors Premier ministre. Mais l’offensive est menée par son successeur, Jacques Chirac, pendant la première cohabitation. Une première vague de privatisations concerne les secteurs de la banque (la Société générale, Paribas, Crédit commercial de France) et de la communication (TF 1, Havas et Matra). L’entreprise de matériaux Saint-Gobain et la Compagnie générale d’électricité (qui devient Alcatel-Alsthom, puis Alcatel en 1998) sont dénationalisées entre 1986 et 1988.

Quelques années auparavant, la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher a lancé sa révolution conservatrice et inspiré cet appétit de libéralisation en Europe. « La part du secteur public y est drastiquement réduite, passant de 9 % du PIB en 1979 à 2 % en 1997 » , constate l’économiste Michel Husson. La Dame de fer privatise British Airways dès 1987. En France, lors de la deuxième cohabitation sous la présidence de François Mitterrand, une deuxième vague de privatisations est lancée par Édouard Balladur. En 1994, les secteurs pétroliers (Elf-Aquitaine), quelques banques et la Seita (l’actuelle Altadis) sortent du giron étatique.

Sous la présidence de Jacques Chirac, le gouvernement d’Alain Juppé privatise des groupes industriels (Pechiney, Usinor-Sacilor en 1995) et informatiques (Bull en 1997). La privatisation partielle de Renault est aussi amorcée en 1996. Une troisième vague poursuit le mouvement sous la gauche, avec le gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002). Banques (CIC, Crédit lyonnais), réseaux de transport (Air France) et de télécommunication (France Télécom) sont privatisés. Le gouvernement Raffarin prend le relais. Le Crédit lyonnais finit d’être cédé. Puis Thomson bascule dans le privé. Quand Dominique de Villepin devient Premier ministre, les Autoroutes du Sud et les Autoroutes Paris-Rhin-Rhône sont dénationalisées. Gaz de France, Électricité de France et Aéroports de Paris subissent une privatisation partielle en 2005. Actuellement, un débat s’organise autour de la privatisation de La Poste, qui prévoit l’ouverture de son marché en 2012. Les entreprises ne sont pas seules concernées par la privatisation. L’ensemble des services publics de santé (réforme des hôpitaux) et d’éducation (Loi Pécresse sur l’autonomie des universités) sont en cours.

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