Grandes manœuvres à La Poste et à la Sécu

Thierry Brun  • 4 septembre 2008 abonné·es

Le changement de statut de La Poste, dernière grande entreprise publique, sera le dossier chaud du gouvernement dans les prochains jours. La ministre de l’Économie, Christine Lagarde, et le secrétaire d’État à l’Industrie, Luc Chatel, vont engager des consultations avec les partenaires sociaux et les élus locaux pour discuter des modalités d’ouverture du capital de l’établissement public et sa transformation en société anonyme (SA). Les syndicats (CGT, SUD, CFDT, FO et CFTC) sont vivement opposés au projet et y voient une privatisation, synonyme d’une dégradation du service aux usagers et de l’emploi des 280 000 postiers, dont 60 % de fonctionnaires. Selon le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, le service public devrait devenir une société anonyme dès janvier 2010 avec ouverture de son capital au privé un an plus tard. Le groupe a engrangé un bénéfice de 480 millions d’euros au premier semestre alors que plus de 5 000 emplois ont été supprimés. Sans doute pour attirer de futurs actionnaires, le groupe envisage un programme d’acquisitions d’entreprises s’élevant à 600 millions d’euros.
Le gouvernement est plus discret sur l’autre gros dossier de la rentrée. Les partenaires sociaux ont entre les mains un projet de loi « Patients, santé, territoires » (PST), réformant l’ensemble du système de santé, et Roselyne Bachelot met la dernière main à ce projet qui devrait être présenté en Conseil des ministres courant octobre pour une discussion en première lecture au Parlement avant la fin de l’année.

Son contenu suscite déjà l’opposition
de l’ensemble des collectifs de défense de la Sécu. Selon l’avant-projet de loi,
au motif de réduire les inégalités régionales et sociales, de futures agences régionales de santé (ARS) verront le jour, et leurs directeurs généraux seront nommés en Conseil
des ministres. En réalité, cette réforme « managériale », comme se plaît à dire Xavier Bertrand, ministre du Travail, organise en catimini un transfert du financement et de nouvelles réductions des dépenses de santé. Les différents régimes de la Sécu seront dessaisis
de leur pouvoir et n’auront plus qu’à appliquer les décisions prises par les ARS. Principaux organismes visés par
le gouvernement : les caisses régionales d’assurance maladie (Cram), qui devraient être supprimées parce que rendues responsables des échecs successifs des réformes de la Sécu.
La mesure phare de ce projet de loi PST est une restructuration des hôpitaux avec pour objectif de fermer les blocs opératoires et les maternités
de certains petits établissements.

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