Le son en lumière

Jacques Bonnaffé parraine le Festival du théâtre radiophonique, un art injustement mis à l’écart.

Gilles Costaz  • 25 septembre 2008 abonné·es

Quelles pièces sonores, quel auteur, quel acteur vont remporter les quatre prix du septième Festival du théâtre radiophonique francophone ? Toute radiophonique qu’elle soit, la question ne fait pas grand bruit. La dramatique diffusée sur les ondes semble s’être tassée à l’ombre de la télévision. Elle n’a plus droit à la moindre critique dans la presse et disparaît parfois des programmes des chaînes généralistes. France Culture, France Inter, quelques stations associatives les maintiennent. En Suisse et au Québec, elles ont été rayées de la carte, tandis qu’elles se renouvellent dans certains pays d’Afrique, comme le Bénin. C’est pour défendre un genre menacé qu’un auteur et comédien, Yves Gerbaulet, inspiré par le climat revendicatif de la longue grève à Radio France en 2001, a créé ce festival annuel, désormais accueilli par la Maison de la poésie, dirigée par Claude Guerre.

« Tous les genres artistiques avaient un ou des festivals, et pas les dramatiques radio, dit Gerbaulet. Ce que nous défendons avec cette manifestation, c’est le théâtre radiophonique, terme que nous préférons à fiction, qui, à la radio, englobe parfois des œuvres qui ne sont pas du théâtre. Il faut qu’on soit dans l’œuvre à travers les voix, que les personnages existent par la voix. Un jury composé de sept auditeurs cooptés juge une sélection d’œuvres radiophoniques qui ont été diffusées dans la saison écoulée. Surtout, le public vient, écoute, soit dans le confort acoustique de la salle, soit sur des écouteurs qu’il peut même transporter à l’extérieur du théâtre. La voix déclenche des images mentales dont on n’a pas idée. Il y a même des personnes qui en ont peur. Mais les spectateurs sont surtout transportés. Certains sont même sidérés de la puissance de la voix et des sons véhiculés par les ondes. »

La nouvelle édition, dédiée à l’écrivain André Darde, mort récemment, comprendra des dramatiques de Florent Couaco-Zotti (Bénin), des Français Claudine Galéa, Jean Larriaga, Joël Jouanneau, Adeline Picault et Yves Lebeau, de Loffe Chirali (République démocratique du Congo), Virginie Thirion (Belgique), Sacré Seydou Ouedraogo (Burkina Faso), etc. Jacques Bonnaffé en est le parrain et jouera même son époustouflant L’Oral et Hardi de Jean-Pierre Verheggen en ouverture. Pour lui, les auditeurs de ce type de théâtre adoré des auteurs et des acteurs sont « une minorité immense à vivre dans l’absolu besoin de cette distinction pour tous ».

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Culture
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