Pour mémoire

Retour sur la tragédie d’Outreau et son fiasco judiciaire, par ceux qui l’ont vécue ou suivie.

Jean-Claude Renard  • 4 septembre 2008 abonné·es

En cinq parties, par Dominique Missika et Vincent Artuso, c’est là une série qui retrace l’affaire d’Outreau à travers l’audition des acquittés par la commission d’enquête parlementaire de janvier 2006. Ces auditions sont le point de départ de ce documentaire, et en même temps le fil rouge pour rendre compte des dysfonctionnements du système judiciaire français. À côté des interventions de personnalités qui ont suivi l’affaire (André Vallini et Philippe Houillon, le président et le rapporteur de la commission ; Florence Aubenas et Georges Huercano-Hidalgo, journalistes ; Denis Muzet, sociologue; et Denis Salas, magistrat), le documentaire est enrichi des témoignages des premiers concernés par le drame, ceux qui acceptent encore de s’exprimer (Karine Duchochois, Alain Marécaux, Dominique Wiel et Christian Godard). La première partie s’ouvre ainsi sur la parole des acquittés, livrant leur arrestation, l’humiliation, la garde à vue, la mise en examen, la détention préventive, l’indifférence des magistrats et l’impuissance des avocats. Une montée au calvaire qui n’en finit pas de grimper.

La deuxième partie est consacrée au volet judiciaire de l’affaire, entre 2001 et 2004, aux défaillances de l’instruction conduite par le parquet de Boulogne, tandis que la troisième partie revient sur les aspects sociaux et culturels du drame, c’est-à-dire aux représentations mentales, aux clichés qui ont sculpté le « mythe d’Outreau », entre la hantise de la pédophilie et l’image d’un Nord englué dans la crise. La quatrième partie aborde le poids médiatique de l’affaire, sachant que la presse, écrite et audiovisuelle, a contribué largement au calvaire des victimes, surlignant « l’horreur des faits », une horreur qui se vend bien. Sachant aussi que ce sont des journalistes qui ont exprimé les premiers doutes, remis en cause les engrenages, l’emballement d’une affaire trop évidente pour être juste. Enfin, la dernière partie évoque les conclusions de la commission d’enquête et ses implications, quasi nulles, presque trois ans après les travaux. Comme si les choses pouvaient recommencer.

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