Affaire Mokaddem, suite…

Nicolas Ethève  • 9 octobre 2008 abonné·es

Les lecteurs de Politis se souviennent de l’histoire de Nadia Mokaddem, cette jeune femme qui avait décidé, à 34 ans, de troquer sa casquette d’enseignante pour celle de journaliste. En signant un contrat de professionnalisation avec Radio France et en intégrant la promotion « Diversité culturelle et sociale » de l’École supérieure de journalisme (ESJ) de Montpellier ( Politis, 29 mars 2007). Huit mois plus tard, Nadia est accusée par la directrice de son école de « violence » , ainsi que son compagnon, à qui elle a demandé d’assister à un entretien pédagogique qu’elle pressentait corsé. S’ensuivent deux lettres entre lesquelles la liste des griefs enfle ( « intervention menaçante d’une personne extérieure à l’école » , « difficultés à accepter toute forme d’autorité » …), et un conseil de discipline vite (et mal) expédié : Nadia est exclue de l’ESJ. Un « cas de force majeur » , selon Radio France, qui suspend son contrat et lui adresse, durant seize mois, des feuilles de paie affichant un salaire de… zéro euro.

C’est en tout cas la thèse soutenue par l’avocate de la radio publique, vendredi, devant les prud’hommes de Montpellier. Radio France n’avait-elle pas obligation, plutôt, de trouver un autre organisme de formation à la jeune femme ou de l’intégrer ? Ce qu’a affirmé Luc Kirkyacharian, l’un des défenseurs habituels des dossiers soutenus par la CGT. La référence au « cas de force majeur » , qui visait à dédouaner Radio France de toute obligation de payer les salaires de sa stagiaire, ou de la licencier, a justifié une « suspension de contrat » qui eut pour effet de priver Nadia des Assedic, et de la contraindre au RMI. « Si vos bonnes raisons supposées avaient un sens, elles auraient dû alimenter une procédure de licenciement, vous ne l’avez pas fait » , a martelé Luc Kirkyacharian. Car aucun des reproches faits à Nadia n’y a été évoqué. Pas même sa signature au bas d’un Appel des Indigènes de la République, brandi naguère comme une infamie. Jugement le 19 décembre.

Société
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