Du soleil sur l’Essonne

Belle saison pour Robert Guédiguian. Alors que son œuvre paraît en coffret, il est, avec Ken Loach, invité d’honneur du festival Cinessonne, qui fête ses dix ans.

Ingrid Merckx  • 9 octobre 2008 abonné·es

Excellent casting. Pour ses 10 ans, du 10 au 25 octobre, le festival Cinessonne reçoit des invités de marque, dont les cinéastes Carlos Saura, Arnaud Demuynck, Ken Loach et Robert Guédiguian. L’occasion de revoir le très beau Le vent se lève , palme d’or à Cannes en 2006, et The Navigators , œuvre plus ancienne (2001) mais plus que jamais d’actualité puisqu’elle brocarde, sous forme de fiction, la privatisation du chemin de fer (anglais). Robert Guédiguian se livrera, de son côté, à l’exercice de la leçon de cinéma.
Animée par Christophe Kantcheff, de Politis, cette rencontre prévoit, le 19 octobre, une traversée de ­l’œuvre du cinéaste marseillais, de Dernier Été (1980) à Lady Jane (2007). À prolonger avec un coffret DVD qui rassemble tous ses films, excepté Lady Jane , publié en édition simple. Chacun des quinze long métrages est introduit par un critique de cinéma. Les présentations ont le mérite ­d’être courtes, personnalisées, pertinentes : le critique s’exprime en voix off sur quelques extraits.

Il faut entendre Émile Breton, critique à l’Humanité, raconter que, lorsqu’il a vu Dernier Été à sa sortie en salle, il lui a semblé découvrir Marseille, ses quartiers, l’Estaque, pour la première fois au cinéma, cependant que Robert Guédiguian filmait la ville comme s’il la voyait pour la dernière fois, évoquant un quartier déjà mort… Dans sa présentation de La ville est tranquille (2001), Michel Ciment, critique à Positif et à France Culture, explique que ce dixième film du cinéaste, empreint d’un réalisme poétique tel qu’on en ren­contre dans certains films des ­années 1930 comme la Belle Équipe (Julien Duvivier) ou le Crime de M.Lange (Jean Renoir), boucle une période dans son œuvre. « La ville est tranquille », un titre en antiphrase pour une tragédie fin de siècle… Avec le Promeneur du champ de Mars, Guédiguian relève le défi, rare dans le cinéma français, de réaliser un film sur une figure politique récente. Selon Serge Kaganski, critique aux Inrockuptibles , le cinéaste évite les pièges du biopic sur François Mitterrand pour tirer le « portrait romanesque d’un homme vieillissant, d’un monarque sur le déclin ».
Le cinéma de Guédiguian est un cinéma de « remise en question des utopies », notamment ouvrières, et ses films sont des « films de troupe », des « expériences collectives » , rappelle Philippe Piazzo.
Marius et Jeannette, qui ne déroge pas à la règle, serait une œuvre « tremplin », selon le critique, celle qui a fait ­connaître Guédiguian au grand public, un conte fait pour réenchanter le monde et le cinéma avec…
Un point de vue à étendre à la 10e édition de Cinessonne, qui, fidèle à sa vocation de soutien de la jeune création européenne, programme cette année douze films européens inédits et une douzaine de films en compétition, dont Boogie , du Roumain Radu Munteanu, Hunger, de l’Anglais Steve McQueen, et Je suis de Titov Veles , de la Macédonienne Teona Mitevska. Sans oublier quatre programmes de courts-­métrages, des avant-premières alléchantes, et des sélections « spécial 10 ans ».

Culture
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