Homme nature

Distingué par le prix Nobel, J. M. G. Le Clézio est un voyageur-écrivain à l’œuvre humaniste.

Olivier Doubre  • 16 octobre 2008 abonné·es

En ouverture de son premier livre, l e Procès-verbal , paru en 1963 et couronné du prix Renaudot (ayant raté le Goncourt d’une seule voix), Jean-Marie Gustave Le Clézio avouait, dans une lettre qui accompagna certainement l’envoi du manuscrit chez Gallimard, qu’une de ses ambitions était « d’écrire un jour un roman tel que, si le héros y mourait au dernier chapitre, ou à la rigueur était atteint de la maladie de Parkinson, je sois accablé sous un flot de lettres anonymes et ordurières ».
S’il ne publia sans doute jamais un tel roman, J. M. G. Le Clézio affichait cependant, dès son premier manuscrit retenu par Gallimard (qui allait devenir le principal éditeur d’une œuvre comptant près d’une cinquantaine de volumes), une furieuse ambition de devenir écrivain ou, plus exactement, romancier. Quarante-cinq ans plus tard, il persiste et signe en défense de ce genre littéraire souvent décrié, en déclarant à l’annonce de sa récompense par l’Académie de Stockholm : « Il faut continuer de lire des romans »…

La vie de Le Clézio est, à l’instar de ses textes, marquée par les voyages. Né en 1940 à Nice, alors que débute le second conflit mondial (son dernier livre, Ritournelle de la faim , évoque cette période de l’Occupation où la faim se faisait sentir sans cesse), il est issu d’une grande famille de l’île Maurice, où il vécut une partie de son enfance, pays auquel il rendit hommage ces jours-ci en saluant là sa « petite patrie » , la France étant sa « patrie d’adoption culturelle ». Mais il passe aussi ­plusieurs années au Nigeria, où son père exerce la médecine. La plupart de ses textes évoquent ainsi les contrées reculées ou les civilisations en danger, et son écriture, toujours très poétique, est souvent placée sous le signe du soleil, inondant de lumière les lieux où évoluent ses personnages, du Sahara aux grands espaces mexicains, du Panama à Séoul, où les ­cigales « couvrent le bruit des voitures ».
Autant fasciné par la diversité des cultures que révolté par la violence à l’œuvre sur notre planète, Le Clézio est un voyageur-écrivain, toujours en quête d’expériences sensibles qui nourrissent une œuvre profondément humaniste. Ainsi, en 1970, dans Lullaby , un conte qui marqua des générations d’enfants, il évoquait l’importance et la force d’une nature qui imprégna sans doute sa propre enfance : « Lullaby ne ­pensait même plus à l’école. La mer est comme cela : elle efface ces choses de la terre parce qu’elle est ce qu’il y a de plus important au monde »…

Culture
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