Faris, Texas

Nouvelle réalisation d’un artiste solitaire, aussi singulier que doué et à l’inspiration débordante.

Jacques Vincent  • 20 novembre 2008 abonné·es

D’abord il y a eu le duo des Nourallah Brothers, fondé par deux frères d’origine jordanienne, Faris et Salim. Les Nourallah Brothers ont sillonné les États-Unis de long en large pendant des années, assez longtemps pour dégoûter à jamais Faris de la vie sur la route et lui ôter l’envie de remonter sur une scène. Sans doute l’expérience n’a-t-elle pas été pour rien non plus dans les choix radicaux qu’il a faits depuis, comme de refuser de sortir ses disques sur un label américain et d’opter uniquement pour des labels européens.

Depuis 2002, il vit retiré à Dallas, au Texas, et on dit qu’il sort rarement de chez lui. Pas besoin puisqu’il possède son propre studio d’enregistrement et, si l’on en croit la cadence de sa production, qu’il passe le plus clair de son temps à composer et à enregistrer. Radio Paris est déjà son sixième album en solo, et c’est le disque le plus formidable sorti cet automne. Formidable parce qu’il semble être l’œuvre de quelqu’un qui n’en fait qu’à sa tête et qui réussit tout ce qu’il touche, que ce soit une chanson miniature de trente secondes ou une autre où il s’essaie à faire les Beach Boys à lui tout seul. On pourrait d’ailleurs multiplier les références de ce genre, « It Blows » est presque un hommage direct à Syd Barrett, « Throw it all away » évoque Robert Wyatt. Mais sa démarche, son inspiration prolifique et sa conception très libre du concept de chanson le rapprochent avant tout de ce groupe unique qu’était Guided by Voices. Car Faris Nourallah écrit et chante des chansons de toutes sortes, des « petites chansons stupides » , comme celle du même nom, des chansons très sombres comme « Survive », une minute vingt d’un cœur qui saigne, d’autres qui sont de pure magie.

Il ne faudrait surtout pas imaginer pour autant des compositions jetées à la va-vite, au petit bonheur. Si elles sont un point commun, c’est bien une richesse mélodique qui en fait tout le jus. Le bonheur tient à leur superbe évidence et il n’est pas petit.

Radio Faris, Faris Nourallah, Kitchen Music.

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