De Miremont à la Fédération

Une majorité d’écologistes radicaux a choisi son camp au sein du chantier de la recomposition à gauche : la Fédération, avec les Collectifs unitaires et les Communistes unitaires.

Patrick Piro  • 15 janvier 2009 abonné·es

La famille de l’écologie radicale s’était donné rendez-vous près d’Avignon en fin de semaine dernière, afin de poursuivre le rapprochement inauguré fin août à Miremont (63) entre ses principales composantes (Voir Politis n° 1016.) : Alter Ekolo, les Alternatifs, Écologie solidaire, le Mai, les Objecteurs de croissance, Zone d’écologie populaire (Zép) et Utopia, rejointes à Avignon par les Collectifs unitaires et les Communistes unitaires, ainsi que par des représentants du NPA, du Parti de gauche et d’associations locales. « C’est un signe de la considération que cette gauche porte à ce creuset de la pensée écologiste radicale », se félicite Françoise Simon, animateur d’Alternatives en Midi-Pyrénées (AMP).

Illustration - De Miremont à la Fédération

Francine Bavay et Jean-Luc Mélenchon, en mai 2005. ROBINE/AFP

Environ 80 participants, pour dégrossir quatre thèmes (travail et revenu, énergie et climat, transports et gratuité, souveraineté alimentaire), et une déclaration appelant, entre ­autres, à se battre pour un droit à un revenu pour tous ; depuis Miremont, la crise financière et économique a explosé, et la déflagration sociale annoncée a motivé plusieurs débats.
En août dernier, il s’agissait de renforcer la voix de l’écologie radicale pour peser sur l’orientation de la recomposition à gauche du PS ; les familles de l’écologie radicale laissaient même transparaître l’intérêt de se rapprocher afin de ne pas regarder passer les trains – la constitution du NPA et le débat sur le positionnement des Verts, embarqués dans le front écologiste de Dany Cohn-Bendit pour les élections européennes de juin [[
Antoine Waechter et son MEI viennent de le quitter, mécontents de n’avoir pas obtenu de tête de liste.]].

Mais, depuis, l’espace politique s’est encore resserré avec l’émergence du Parti de gauche, et le « processus de Miremont », encore embryonnaire, a opportunément remisé ses ambitions. Avant même Avignon, d’ailleurs : les premiers échanges avaient rapidement achoppé sur la méthode, entre ceux qui aspirent à une structuration politique d’un nouveau genre – les plus nombreux –, et ceux qui rejettent cette voie, aux rangs desquels le Mouvement des objecteurs de croissance, où l’on penche plutôt vers le NPA. Verdict de Francine Bavay, d’Alter Ekolo : « “Miremont” ne sera jamais autre chose qu’un lieu de débat, un réseau pour ensemencer la gauche avec notre vision de l’écologie. »
De fait, Avignon a tacitement pris acte que la principale dynamique du sérail était à l’œuvre ailleurs : dans la constitution, en décembre dernier, de la Fédération (Voir Politis n° 1031.), notamment à l’initiative d’une fraction importante de cette écologie radicale – Alter Ekolo, les Alternatifs, Écologie solidaire et le Mai –, avec les Collectifs unitaires, les Communistes unitaires et l’Alternative démocratique et sociale. Objectif : créer « un espace ouvert, une Fédération de citoyennes et de citoyens, et de forces rassemblant des histoires et des cultures différentes de la gauche de transformation sociale et écologique » . Et Utopia pourrait très bientôt les rejoindre.
Un étage de plus à la pièce montée, s’inquiètent certains… « Non, la Fédération regroupe cette frange de la gauche qui ne se retrouve pas dans un Parti de gauche structuré à l’ancienne, par le haut, ni dans le NPA, ou l’on sent déjà la forte mainmise de l’ex-bureau de la LCR » , s’explique Roland Mérieux, membre de la direction des Alternatifs.
Effet collatéral de cette cristallisation : Alter Ekolo et Écologie solidaire ont décidé de se rapprocher, après s’être éloignés à l’occasion de la bataille contre le traité constitutionnel européen (TCE). Alors qu’Alter Ekolo s’était placé à la pointe des campagnes pour le « non » et pour la candidature à la présidentielle de José Bové en 2007, Écologie solidaire était resté en retrait. « On vient de solder la période post-TCE, conclut Roland Mérieux. *La situation a beaucoup changé, on ne va pas rester bloqués sur le clivage du 29 mai 2005… »
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