Délicat Seize !

Sébastien Fontenelle  • 29 janvier 2009 abonné·es

Rude semaine pour Joseph Ratzinger, also known (depuis la fumée blanche du 19 avril 2005) as Benoît Seize, pontife.

Samedi 24 janvier, le Vatican publie, nonobstant l’émotion de quelques désuets progressistes, le décret papal qui remet au sein de la grande famiglia catholique romaine quatre évêques ordonnés en 1988 par feu Marcel Lefebvre, démocrate fameux.
Un minuscule détail retient l’attention de la bien-pensance droit-de-l’hommiste : l’un des impétrants vient justement de vomir, dans un entretien diffusé trois jours auparavant par la télévision suédoise, sa conviction « qu’il n’y a pas eu de chambres à gaz » . (Puis, soucieux d’être bien compris, le nouvel ami de Seize a précisé : « Je pense que 200 000 à 300 000 Juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul dans les chambres à gaz. » Puis encore : « L’Allemagne a payé des milliards et des milliards de deutschemarks et à présent d’euros parce que les Allemands souffrent d’un complexe de culpabilité pour avoir gazé six millions de Juifs, mais je ne crois pas que six millions de Juifs aient été gazés. » )
Le gars est par conséquent un bon gros salaud de compétition, mais cet aspect de sa personnalité ne heurte que peu la sensibilité de Seize. (Il est vrai : son cocktail de bienvenue à un négateur de la Shoah ne suscite guère que l’indifférence polie des gros penseurs de médias qui vont généralement caquetant que les mahométans sont des antisémites, et que la gauche est nazie, et que Noam Chomsky est un hideux négationniste – mais qui, là, confrontés à une manifestation d’antisémitisme comme il ne s’en voit (heureusement) que fort peu, se rappellent soudain qu’ils ont piscine, et font comme s’ils n’avaient absolument rien entendu.)

Cette sensibilité (de Seize) est grande [^2], pourtant, puisque deux jours après avoir donné son accolade à un prélat négationniste, il a, lundi 26 janvier, demandé à la France de bien vouloir tenir compte du « caractère intangible de toute vie humaine » lors de la révision des lois de bioéthique.
Car, de son point de vue, comme on sait : l’embryon est une personne comme les autres – avec des soucis de compte en banque, et un vif regret d’avoir donné en 2007 son vote à Sarkozy.

Un esprit étroit pourrait supputer, sur la seule foi de ces deux manifestations seiziennes, que l’ex-archevêque de Munich a un plus grand souci de l’avenir des fœtus que de la mémoire des six millions de victimes juives de la Shoah : il n’en est rien, évidemment. Le pape a juste été « profondément bouleversé » par le schisme lefebvriste – et sa détresse valait bien ce crachat sur les tombes des martyrs.

[^2]: D’aucun(e) s diraient même : bavaroise.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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