Gaza : « Il faut rétablir le droit international »

Selon Jean Ziegler, les « crimes de guerre » commis par l’armée israélienne risquent de contribuer à éloigner encore plus de l’Occident les musulmans du monde entier.

Claude-Marie Vadrot  • 29 janvier 2009 abonné·es

Jean Ziegler, qui est déjà allé à Gaza en mission pour les Nations unies, est intarissable pour décrire ce qui s’est passé depuis un mois dans ce qu’il appelle un « ghetto ». Pour lui, les images diffusées sur les écrans du monde entier risquent d’exacerber ce qu’il appelle « la haine de l’Occident » . Il n’hésite pas à parler de « crimes de guerre », comme l’a fait le 12 janvier le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, où les représentants occidentaux ont refusé de voter la motion constatant, dans une résolution, qu’avaient été commis à Gaza des « crimes de guerre » au sens strict du statut de Rome ayant créé la Cour pénale internationale en 1998. Pour notre interlocuteur, « ces trois semaines de carnage vont contribuer à séparer encore de l’Occident le milliard et demi de musulmans que compte la planète ».
Il explique également qu’Israël, quatrième pays exportateur d’armes du monde, a mis à profit cette guerre pour expérimenter de nouvelles armes, dont il pourra présenter les résultats à ses clients. Mais il reconnaît aussi que les adversaires israéliens de l’offensive contre Gaza sont très minoritaires dans leur pays, même si les intellectuels qui ont protesté sont d’ordinaire des voix très respectées.
Satisfait que le Secrétaire général de l’ONU ait bravé les interdictions pour se rendre à Gaza et tenter un dialogue avec le Hamas, Jean Ziegler regrette qu’« aucun représentant des gouvernements occidentaux n’ait eu le courage d’en faire autant, ne serait-ce que pour constater l’étendue des dégâts » . Il espère que le nouveau président américain prendra des décisions courageuses, car, « autrement, d’une façon ou d’une autre, la tragédie se poursuivra. Il faut rétablir le droit international dans cette région, et cela ne peut se faire sans l’intervention des États-Unis, qui versent chaque année 4 milliards de dollars à Israël » . Pour cet homme qui a beaucoup lutté contre l’antisémitisme, notamment dans ses livres, la solution d’avenir est aussi simple que difficile : « la création rapide de deux États dans les frontières d’avant 1967 » . Il admet que la proximité des élections israéliennes de février n’est pas favorable à des initiatives de paix, mais plutôt à une surenchère entre les partis aspirant au pouvoir.

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