« De nombreux errements »

Extrait du rapport établi par la FIDH au lendemain du premier procès Colonna, qui a eu lieu fin 2007.

Politis  • 26 février 2009 abonné·es

« De nombreux errements imputables aux responsables de la lutte antiterroriste et aux juges d’instruction sont apparus durant les débats. […]
Il est apparu que les policiers de la Division nationale antiterroriste (Dnat) avaient fait le choix d’appréhender les épouses des suspects, de les priver de leurs enfants et de les garder à vue pendant quatre jours, ceci alors même qu’ils n’avaient aucune charge contre elles, mais dans le but de faire pression sur leurs époux afin qu’ils avouent.

Les policiers de la Dnat ont toujours affirmé publiquement et jusqu’au procès que les gardes à vue avaient été totalement étanches, qu’Yvan Colonna avait été mis en cause spontanément, séparément et de façon concordante par ses coaccusés et leurs épouses. Par ailleurs, ils ont toujours soutenu, jusqu’à l’audience, qu’ils ne connaissaient précédemment pas Yvan Colonna et qu’il n’était pas suspecté avant les premières interpellations en mai 1999.
Il est ressorti pourtant au cours de l’audience que les policiers de la Dnat avaient en fait avancé des contrevérités non seulement en ce qui concernait la prétendue étanchéité des différents interrogatoires, mais également sur le fait qu’Yvan Colonna n’était pas suspecté lors des interpellations du 21 mai 1999.
S’agissant de l’instruction, les chargés de mission ont dû constater que le dossier concernant Yvan Colonna a été instruit uniquement à charge.

En effet, il est apparu que les juges d’instruction n’ont jamais entrepris de vérifier si les accusations dont Yvan Colonna faisait l’objet étaient fondées, notamment par des confrontations, qu’il a pourtant sollicitées dès son arrestation, avec les personnes l’ayant mis en cause. Ces confrontations ont été refusées pendant plus d’une année et, pour certaines, n’ont été organisées qu’en relation avec l’affaire de Pietrosella.
Yvan Colonna a, de plus, dû attendre près de deux ans avant que ne soit organisée une présentation aux témoins oculaires ayant vu le visage du tireur. Bien qu’ils aient affirmé qu’ils ne le reconnaissaient pas, ce qu’ils ont confirmé fermement durant l’audience, cela n’a eu aucune incidence à décharge. »

Publié dans le dossier
Dom-Tom : Le temps des colonies
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