Farouchement manouche

Une pièce d’Hugo Paviot sur un amour entre une Tzigane et un gadjo.

Gilles Costaz  • 19 février 2009 abonné·es

Pas facile d’entrer dans la communauté gitane. Mais peut-être moins difficile que d’être un gitan toujours repoussé à la marge des villes. Un jeune auteur, Hugo Paviot, a écrit Manouche pas touche ! après avoir rencontré longuement un groupe de gens du voyage dans la région de Dax. Il a imaginé l’histoire d’un homme, un garagiste, un gadjo (c’est-à-dire un étranger à la communauté), qui tombe amoureux d’une Tzigane. Ils se marient, dans la mesure où l’on se marie dans ce groupe : on décide plutôt de s’aimer et de faire corps contre toute adversité. L’homme s’intègre si bien qu’il devient plus manouche que les manouches. Comme le temps passe (la pièce parcourt gaillardement le temps), il ne tolère pas que sa fille s’intéresse à un gadjo ! Autour de lui vivent d’autres personnalités tendres et farouches : la femme qui renvoie ses amants à cinq heures cinquante-neuf du matin, le policier sourcilleux…
La pièce d’Hugo Paviot a la drôlerie brute et tendre d’une population qui adore autant les mots que le silence. Voilà une pièce qui sait crier, se taire et chanter. Xavier Czapla l’a mise en scène sans superflu, dans l’éclat des vérités humaines. Louis-Marie Audubert, Ève Rouvière et François Puyalto (également auteur de la musique) jouent tous les personnages, bourrus de talent – si l’on veut bien nous passer l’expression.

Culture
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