La fausse bonne idée des socialistes

L’aide proposée par le président du conseil de Région (PS) et par le conseil général était en réalité déjà affectée aux plus démunis.

Danik Ibraheem Zandwonis  • 19 février 2009 abonné·es

Victorin Lurel, président socialiste de la Région, et son homologue du conseil général, Jacques Gillot (apparenté PS), ont eu une bonne idée. Il s’agissait, pour essayer de trouver une porte de sortie au conflit en cours, de faire des propositions au LKP. Les deux exécutifs ont raclé les fonds de tiroirs de leurs assemblées respectives, et proposé une « aide » de 100 euros. « Puisque tout est en panne , a annoncé Victorin Lurel, eh bien, nous acceptons d’octroyer une prime salariale de 50 euros chacun : 50 pour le conseil régional et 50 pour le conseil général, soit au total 100 euros. Une forte contribution pour atteindre les 200 euros, à tous les salariés qui touchent un salaire inférieur à 1,4 Smic. Calcul fait, cela concerne à peu près 40 000 salariés. » Hélas, Jacques Gillot a apporté la précision de trop : « Nous proposons tout d’abord de réaffecter une partie des primes exceptionnelles de 150 euros mises en œuvre par la Région et le département, afin d’assurer la prise en charge durant trois mois d’une augmentation d’au moins 100 euros des 40 000 salaires les plus bas. » Au travers des propos du président du conseil général, on a très bien compris que les 100 euros promis n’étaient en fait qu’une partie des sommes déjà affectées à l’aide aux plus démunis…

Interrogé au cours de la manifestation du 14 février du Moule, sur l’opportunité de cette aide, le porte-parole du LKP, Élie Domota, a balayé d’un revers de main la proposition des deux assemblées, parlant « d’argent recyclé ».
On est donc encore loin d’une sortie de crise. Mais, fait nouveau, les deux exécutifs ont, pour la première fois, débordé du cadre social de la crise, pour toucher au politique. Après quatre semaines de grève, le volet politique semble s’entrouvrir. Alors que Victorin Lurel, en dépit de la profondeur de la crise, refusait jusqu’ici d’ouvrir son agenda politique, il semble que Jacques Gillot et ses conseillers aient réussi à l’obliger à revoir ses précisions. Le cœur n’y était pas. La manière le traduit bien : « Compte tenu de ce qui monte du fond et des tréfonds de la société guadeloupéenne, j’appellerai avec Jacques Gillot à ce que l’on organise des états généraux ou les assises de la société guadeloupéenne, pour définir qu’elle sera la Guadeloupe de demain, celle que nous voulons. »

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