Les échos

Politis  • 12 février 2009
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La santé, ça rapporte
Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (igas) épingle sévèrement les médecins et chirurgiens libéraux qui exercent dans les hôpitaux publics. Les praticiens qui officient en ville ou en clinique sont les mieux payés : le revenu d’activité annuel moyen déclaré aux impôts par les radiologues atteint 168 000 euros, 155 000 pour les chirurgiens. Et le rapport de l’Igas relève des écarts de rémunération allant de 1 à 10 dans les hôpitaux publics, l’activité privée expliquant de telles différences. Le tout, dans l’opacité. On attend encore la réaction de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot…

Un procès inadmissible
Lounis Ibadioune, militant communiste du XVIIIe arrondissement, est convoqué devant le tribunal de proximité de la rue Cambrai le 18 février. Les faits qui lui sont reprochés remontent au 4 février 2007. Alors qu’il vend l’Humanité dimanche sur le marché Dejean, quatre policiers l’interpellent et le verbalisent. À la clé, une amende de 172 euros pour « vente de marchandises dans un lieu public sans autorisation ». À l’heure où la distribution des gratuits sur la voie publique bénéficie d’une liberté absolue, serait-il interdit de diffuser des journaux d’opinion bénévolement ? Le procès fait à Lounis Ibadioune est inadmissible. Des milliers de personnes ont déjà signé la pétition de l’Humanité. À l’initiative du président de son groupe communiste, le Conseil de Paris a adopté (à l’unanimité !) un vœu demandant au préfet de police de mettre fin à ces interpellations. C’est bien le moins.

Les pressions d’Areva
Tensions dans les coulisses de l’émission « Pièces à convictions » (France 3). Le titre de l’émission du 11 février, « Uranium : le scandale de la France contaminée », a affolé Areva. Le géant du nucléaire a foncé bille en tête vers une procédure pour empêcher la diffusion de ce brûlot, sur la foi d’une dépêche de l’AFP qui évoquait « la thèse du scandale de la France contaminée par les déchets radioactifs, résidus des mines d’uranium », raconte une journaliste de Télérama (numéro du 3 février). Areva a saisi, rien de moins, le CSA, qui n’a pas le pouvoir – heureusement ! – de jouer le rôle de « censeur ». Et Anne Lauvergeon, PDG du groupe, avait décliné l’invitation sur le plateau de l’émission. Or, le rédacteur en chef de celle-ci, Lionel de Coninck, a réfuté les informations de la dépêche AFP. Rien de bien méchant n’était prévu au programme. Au contraire, le propos voulait rassurer. Nous, nous ne le sommes pas…
En 2 Mots, d’Olivier Brisson
Nos banques, bénéficiaires, ont reçu un prêt gouvernemental de 21 milliards d’euros, qualifié de marginal. Parce qu’il améliore leur marge ?

LA-BAS

Italie : scission à Rifondazione
La gauche de (la) gauche italienne va mal. Elle avait pourtant montré l’exemple de la maturité, lors des législatives d’avril dernier, en construisant une alliance entre ses quatre grandes composantes (Verts, Gauche démocratique, Rifondazione comunista et Parti des communistes italiens), à gauche des listes du Parti démocrate (PD). Or celui-ci passa la campagne électorale à attaquer cette alliance, plutôt que la droite, et à appeler au vote utile. La loi électorale acheva le désastre : Berlusconi élu, la gauche de gauche manqua d’un cheveu les 4 % nécessaires pour entrer au Parlement. L’alliance ne mit alors que quelques semaines à imploser, et chaque parti retourna à ses querelles internes. Le congrès de Rifondazione, en juillet, montra le spectacle d’un parti divisé, avec un duel très personnalisé entre Nichi Vendola, président de la Région des Pouilles, et l’ancien ministre de la Solidarité sociale du gouvernement Prodi, Paolo Ferrero. Si leurs motions réunirent chacune près de 49 % des délégués, on peinait à comprendre leur opposition politique. Finalement, en donnant des gages aux petites mentions des trotskistes ou des orthodoxes nostalgiques de l’avant-1989, Paolo Ferrero l’emporta in extremis sur une ligne de fermeture. À la rentrée, rien ne semblait pouvoir recoudre la plaie ouverte dans le parti. Après avoir licencié le directeur de Liberazione, le quotidien du parti, proche de Vendola, le nouveau secrétaire général s’employa à prendre le contrôle de tout l’appareil. Issue logique : les partisans de Vendola ont annoncé, samedi 31 janvier, leur décision de ne pas renouveler leur carte en 2009 et appellent au rassemblement « des formations, mouvements, associations… ». Un désir d’unité qui commence donc… par une scission.

ENTENDU

Il fallait le secrétaire général de la deuxième confédération syndicale de France pour avouer cela. François Chérèque « ne comprend pas ce que fait le gouvernement ». Il l’a dit mardi sur France Inter : « Il y a une perte de sens. » Ainsi, le patron de la CFDT trouvait « très bien » la réforme d’autonomie des universités, « qui avait du sens », puis il y a les suppressions de postes et « on ne voit plus où le gouvernement veut aller ». Pour comprendre que, dans une politique néolibérale, l’autonomie des universités prépare leur privatisation, il suffit pourtant d’un peu de « bon sens ».

LU

En 2003, alors que la guerre en Irak était imminente, le Financial Times reconnaissait dans le mouvement altermondialiste la seule alternative au projet de Bush pour la planète. La semaine dernière, c’est The Economist, autre institution anglo-saxonne, qui rend une manière d’hommage au Forum social mondial de Belém dans un long compte rendu : « Cher capitalistes, reconnaissez que vous vous êtes trompés » (« Dear capitalists, admit you got it wrong », 5 février 2009). Si l’hebdomadaire libéral brocarde « ce jamboree d’ONG, d’anticapitalistes, d’intellectuels de gauche, de bohèmes et d’évêques » trop bigarré pour son austère conception du monde, il lui reconnaît une « inhabituelle unité » et des solutions séduisantes face à la crise du système financier mondial : rétablissement du contrôle des mouvements de capitaux internationaux, réforme des agences de notation, bannissement des produits financiers « abjects » (hedge funds…), etc. Solutions que The Economist juge « plutôt plus intéressantes » que de considérer les finances et la monnaie comme des « biens publics » à gérer démocratiquement. Point trop n’en faut…

LE CHIFFRE

6,5 milliards d’euros
C’est le montant du prêt consenti aux constructeurs automobiles Renault et PSA Peugeot en échange de la pérennité des sites d’assemblage automobile. Nicolas Sarkozy a renoncé à exiger la relocalisation en France de certaines chaînes de montage. Et il n’a rien imposé en termes de versement de dividendes et de bonus.

Les échos
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