Manifestations : au coeur du cortège parisien

Les Français ont répondu en masse à la journée de manifestation interprofessionnelle du 29 janvier lancée par huit organisations syndicales. Politis.fr était présent dans le cortège parisien, mobilisé pour l’emploi, les salaires et contre la politique de Nicolas Sarkozy.

Politis.fr  et  Pauline Baron  • 2 février 2009 abonné·es
Manifestations : au coeur du cortège parisien

Illustration - Manifestations : au coeur du cortège parisien

« Je rêvais d’un autre monde » . Comme Jean-Louis Aubert, entre 300000 manifestants selon les syndicats et 65000 selon la police ont aussi rêvé, hier après-midi à Paris, d’un autre monde, ou plutôt d’une autre France. Un « rêve général » qu’ils ont dessiné à l’intention du président de la République, Nicolas Sarkozy, et de son gouvernement. Des rayons de soleil, quelques brises de vent, les slogans habituels et de nombreux sifflements à l’évocation du nom de Sarkozy et de la crise… Tout était réuni pour que la manifestation parisienne, de Bastille à Opéra, se déroule dans la meilleure ambiance possible. Mais les manifestants se sont avant tout unis pour pousser un cri de colère contre la politique du gouvernement, la crise et ses conséquences sociales.

Lycéens, étudiants, enseignants, orthophonistes, postiers, journalistes et salariés du public forment le gros des troupes, accompagnés de retraités et de sans-papiers. Même les plus jeunes, présents sur les épaules de leurs parents pour cause d’école fermée, tiennent à se faire entendre. « Ils sont venus manifester avec nous, c’est aussi pour leur avenir que l’on est là » , crie un manifestant en montrant les trois enfants présents à ses pieds. Peu de salariés du privé semblent avoir répondu à l’appel commun des huit organisations syndicales (CGT, FO, FSU, Solidaire, Unsa, CFDT, CFDT et CFE-CGT), malgré l’annonce de débrayages pour leur permettre de manifester. Quelques-uns ont fait le déplacement, soit pour défendre leur emploi, soit par solidarité avec les travailleurs du service public. A l’instar d’Emile, salarié d’une entreprise d’informatique : « Nous ne sommes que trois sur 200 salariés à être venus, essentiellement par idéologie face à une politique gouvernementale qui bride nos libertés » .

Illustration - Manifestations : au coeur du cortège parisien

Photos : Pauline Baron

Un « ras-le-bol général » émerge des slogans scandés. Face aux conséquences sociales désastreuses de la crise et à la politique du gouvernement, tous les manifestants s’unissent derrière le mot d’ordre lancé par les syndicats : défense de l’emploi et des salaires, protection des services publics. Mais tous défilent aussi pour leurs conditions de travail et pour protester face aux coups portés par les réformes. « La défense du service public hospitalier » , pour Anne l’infirmière, « contre la réforme du Bac et les suppressions de postes dans l’éducation » , pour Maëlle et Sarah les lycéennes, « sauver la recherche » , pour Corinne la chercheuse, « contre une privatisation rampante de la Poste » , « pour de meilleures retraites » … Des objectifs divers et variés, au risque de brouiller le message. Pourtant, « défendre le budget de l’hôpital, c’est comme défendre le budget de l’école, de la culture… » , précise Anne. « Tous ces mots d’ordre correspondent aux problèmes que les gens rencontrent dans leur travail. Ils ne sont pas contradictoires, mais vont dans le même sens » , explique Fabienne Vansteenkiste, adjointe à la mairie de Montreuil.

Illustration - Manifestations : au coeur du cortège parisien

Au soir de cette journée « exceptionnelle » selon les syndicats, une question demeure : quelle suite donner au mouvement amorcé jeudi ? Certes, l’union syndicale a été un élément clé du succès de cette journée, laissant espérer un front uni dans la bataille désormais lancée contre Nicolas Sarkozy. Mais beaucoup de manifestants ne s’attendent qu’à des répercussions minimes sur la politique du Président. D’autres se veulent plus optimistes, comme Fabienne Vansteenkiste : « Certes, ça ne se fera pas d’un seul coup ni sur tous les points de divergence, mais la situation peut changer » .

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