Choisir un livre, un acte politique

Les nuages s’amoncellent au-dessus des grands groupes de l’industrie du livre. Plutôt que la rentabilité, les petits éditeurs privilégient, eux, l’exigence de qualité. Ils œuvrent, en toute indépendance, à la diversité culturelle.

Christophe Kantcheff  • 12 mars 2009
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Choisir un livre, un acte politique

Christophe Kantcheff présente notre dossier au micro d’Isabelle Giordano dans Service public , sur France inter, le 12 mars :

Ce dossier consacré aux petits éditeurs indépendants, alors que le Salon du livre ouvre ses portes à Paris du 13 au 18 mars, ne relève pas pour nous du simple exercice journalistique. Il est aussi un appel aux lecteurs, et à tous ceux que les livres concernent. Expliquons-en le contexte. Il y a quelques semaines, ont été rendus publics les chiffres du secteur pour l’année 2008 : pas fameux. Même si les ventes de livres au détail ont progressé d’1 % en euros courants, le renversement de tendance en milieu d’année, du positif vers le négatif, et la crise économique générale semblent avoir assombri les esprits. D’autant que le début de l’année 2009 ne présage rien de bon.

Illustration - Choisir un livre, un acte politique

Face aux mouvements de concentration, les petits éditeurs constituent un vivier tenace et actif, axé non sur la rentabilité mais sur la curiosité intellectuelle.
De Sakutin/AFP

Mais, comme le note sans distance Livres-hebdo, la revue de la profession, ces chiffres sont ceux de « l’industrie du livre » . Et les médias ont surtout fait écho aux nuages qui s’amoncellent au-dessus de certains grands groupes. Comme Editis, récemment racheté à Wendel par l’Espagnol Planeta. Et surtout le Seuil-la Martinière, où « un plan de réorganisation » , c’est-à-dire d’économie, a été annoncé par le PDG, Hervé de la Martinière, tandis que la CFDT-Livre-Édition dénonçait une « *gestion désastreuse de ce groupe depuis le rachat du Seuil par la Martinière en 2004 ».
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La situation des petits éditeurs indépendants se place évidemment sur une tout autre échelle. Pas forcément florissante aujourd’hui, leur santé économique est de toute façon toujours instable. Et pourtant, face aux mouvements de rationalisation et de concentration éditoriales, conséquence de la mondialisation, ils constituent un vivier tenace et actif, axé non sur la rentabilité mais sur l’exigence et la curiosité intellectuelle, œuvrant ainsi à la diversité culturelle. Non qu’ils en détiendraient le monopole : certains indépendants de plus grande taille ou quelques personnalités au sein des groupes travaillent aussi dans ce sens. Mais les petits éditeurs indépendants le font sans les mêmes moyens. Le plus souvent de manière désintéressée. Comme une mission. C’est pourquoi les soutenir double le geste du consommateur d’un acte politique.

Publié dans le dossier
Choisir un livre : Un acte politique
Temps de lecture : 2 minutes
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