Des airs d’errance

Kamilya Jubran interprète des poésies arabes sur des musiques contemporaines.

Denis Constant-Martin  • 5 mars 2009 abonné·es

Certaines voix donnent la chair de poule, même lorsqu’on se désole de ne pas comprendre les textes. La voix de Kamilya Jubran est de celles-ci : elle possède l’art de faire ressentir l’émotion par-delà les mots. Le charme qui en émane tient à la part de féminité sombre de son timbre, à une approche musicale dramatique et à la maîtrise d’une large palette de techniques vocales. Pour Makan, seule avec son luth, la chanteuse a sélectionné neuf poèmes d’auteurs marocains, palestiniens, irakiens et sénégalais qu’elle a mis en musique. Tous disent l’attachement au lieu et à l’errance : l’errance pour échapper à l’enfermement du lieu, et pour le retrouver autrement.

On entend là une thématique éminemment palestinienne, mise en sons par une femme arabe d’Israël qui vit en Europe depuis plusieurs années. Cheville ouvrière du groupe Sabreen pendant deux décennies, elle y œuvra à une modernisation de la musique palestinienne qui, sans jamais dénaturer son héritage, l’inscrivit dans les grands mouvements du monde. Avec Makan, elle poursuit cet effort en chantant l’universalité de la poésie arabe sur des musiques du Moyen-Orient, mais captées, canalisées et mélangées jusqu’à ce qu’elles se muent en création contemporaine.

Culture
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