Pourquoi part-on ?

Jean-Christophe Victor consacre trois numéros du « Dessous des cartes » aux migrations. De quoi répondre à beaucoup
de clichés.

Jean-Claude Renard  • 19 mars 2009 abonné·es

Un début sur la Sept en 1990, une reprise sur Arte en 1992. Ce ma­gazine géopolitique approche les vingt ans d’existence. En termes de télévision, ça ­ressemble à l’immortalité. Aujourd’hui programmé après la soirée thématique du mardi sur Arte, peu après 22 heures, « le Dessous des cartes » est devenu une référence dans le paysage audiovisuel français, toujours articulé autour des enjeux internationaux, des situations conflictuelles, des tendances du monde contemporain. Avec les cartes géographiques en guise de langage, de décryptage et d’illustrations. Sismographe des temps modernes, Jean-Christophe Victor déploie un phrasé sans fioritures. La pédagogie comme obsession, la démonstration comme dada. À coups de lignes, de colonnes, de chiffres. Sobriété, efficacité.

Les prochains numéros du magazine n’échappent pas à la règle endurcie, consacrés aux migrations internationales. En trois volets : « Pourquoi part-on ? » ; « le Parcours de l’immigration » ; « Que fait l’Union européenne ? » Un thème sensible, facilement politisé, « à propos duquel on rapporte souvent n’importe quoi » , déclare d’emblée Jean-Christophe Victor, quand précisément les migrations sont le symptôme des fractures du monde actuel.

Dans un premier temps, il explique donc les raisons du départ. Évidentes à cerner. La nécessité, la peur, les massacres, la torture, toute forme d’insécurité, la pauvreté, la précarité mais aussi l’exercice professionnel, les conditions de travail. Surtout, Jean-Christophe Victor revient sur les idées répandues. « Les migrants ne sont pas toute la misère du monde, et leur diversité est à l’image du monde qui les fabrique, où les notions de sédentarisation et de nomadisme évoluent. » Il pointe les quotas d’admission aux États-Unis, la politique de fermeture de la Russie, les murs dressés, l’immigration choisie au Canada et en Australie, les entrées clandestines favorisées par les employeurs, avant de souligner que les 224 centres de rétention en Europe se situent sous les normes européennes de respect du droit humain. Pour conclure à un « détournement de l’ambition initiale des accords de Schengen qui devait rendre libre la circulation interne à l’Union. Les mots d’immigration, de migrants sont presque négatifs, au lieu d’être enseignés comme chance et richesse […]. Il n’y a pas d’invasion étrangère, mais un grand écart entre le discours et la réalité ».

Médias
Temps de lecture : 2 minutes