Tempête sur les îles offshore

À l’approche du G20, l’Europe souhaite limiter les nuisances des paradis fiscaux. De nombreuses ONG militent quant à elles pour leur suppression et une refonte du système économique. Un reportage de Thierry Brun à Jersey.

Thierry Brun  • 19 mars 2009
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Tempête sur les îles offshore

Chiche ! Face à l’ampleur de la crise économique et à quelques semaines du G20 de Londres, la France et l’Allemagne ont souhaité que plusieurs institutions établissent des listes de critères visant à limiter les nuisances des paradis fiscaux. Louable, l’intention n’est pas nouvelle. Les chefs d’État des grandes puissances occidentales rivalisent de discours vindicatifs contre ces territoires, principaux responsables de l’opacité financière et de la crise. Ils ont sans doute quelques reproches à se faire : plus de la moitié de ces enclaves, dont Jersey, sont en Europe. Et plus de 50 % des transactions financières internationales transitent par ces circuits opaques.

Illustration - Tempête sur les îles offshore

« Avec la crise, la situation est terrible.
Le magasin
de la chaîne Woolworths
a fermé ses portes.
Plus de 80 personnes se sont retrouvées à la rue sans indemnités. »
T. Brun

Avec l’aggravation de la crise économique, plusieurs responsables de pays membres du G20 en appellent désormais à des régulations plus strictes pour régir le système financier. Ces intentions, formulées depuis des décennies mais jamais abouties, réitérées en octobre 2008, visent le secret bancaire et la faible coopération fiscale de ces nombreux trous noirs de la mondialisation financière. Les experts chargés de préparer le sommet ont ainsi tenté d’établir une liste noire élargie de pays s’ajoutant à la liste déjà existante des pays « non coopératifs ». On s’attend donc à une nouvelle déclaration d’engagement sur l’impact délétère des paradis fiscaux. Sans plus. C’est peu pour réguler ce qui est considéré comme l’une des causes directes de la crise financière et bancaire…

Cette crise, historique, interroge pourtant en profondeur la logique d’un système économique guidé par la finance. Car qu’entraînerait une véritable moralisation de l’économie ? Le détournement sans précédent de richesse, minant les économies des pays du Nord et du Sud, serait réduit à la portion congrue. Et où iraient ces richesses retrouvées ? Ces capitaux, dont le montant est près de dix fois supérieur à celui de l’aide publique au développement dans les pays du Sud, permettraient de sortir ces derniers de la pauvreté et de réduire largement les inégalités sur la planète.

Publié dans le dossier
29 janvier, 19 mars... Et maintenant ?
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