Améliorer l’accès aux droits

Jean-Claude Renard  • 23 avril 2009 abonné·es

Politis : Quelles sont vos revendications pour l’amélioration des conditions de vie de Roms ?

Christina Chauvin I Notre collectif réunit plusieurs associations, comme la Ligue des droits de l’homme, Une famille, un toit, la Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes (Fnasat) ou encore GASProm. Nous luttons pour améliorer l’accès aux droits fondamentaux pour les Roms migrant sur le territoire français, contre les discriminations et les violations des droits de l’homme dont ils sont victimes en France et que l’on sent de plus en plus aiguës. De fait, nous interpellons les institutions et les responsables politiques, tentant d’obtenir des solutions autres que l’expulsion. Même le haut-commissaire aux Droits de l’homme, au niveau européen, a fustigé la France. Sans conséquence.

Sur le terrain, quelles sont les différentes démarches, les aides ?

Certains d’entre nous se rendent régulièrement sur les campements, aux conditions de vie déplorables et indignes. Médecins du monde se déplace deux fois par semaine, comme nombre d’assistantes sociales et d’éducateurs. Sur place, les tâches sont diverses, qui vont de l’information sur les droits jusqu’à tenter de faire installer des containers de poubelles en nombre suffisant pour éviter les prétextes d’expulsion en raison de l’insalubrité. On tente d’expliquer aux personnes un courrier qu’elles ne comprennent pas, on constitue un dossier d’aide juridictionnel en vue d’un recours pour une procédure d’expulsion.
Non sans mal, si l’on songe à la barrière de la langue, à l’absence d’éducation à la santé chez des gens au cursus scolaire réduit, et à la hantise des arrestations. Après quoi, il y a tout un combat politique pour obtenir des terrains d’accueil décents. Il faut savoir que certaines familles sont de passage, qui reviennent notamment d’Italie, beaucoup d’autres sont sédentaires et souhaiteraient refaire leur vie ici, loin des discriminations subies dans leur pays d’origine. En attendant, on se heurte aux fins de non-recevoir, notamment de Jean-Marc Ayrault, député-maire et président de Nantes Métropole. Ce ne sont pas les propositions qui manquent. Rien n’est débattu ni concerté au sein de la communauté urbaine. C’est à l’image de ce qui se passe aussi ailleurs, où la volonté politique manque et où règne l’hypocrisie.

Au sommet européen consacré aux Roms, tenu à Bruxelles en septembre dernier, Christine Boutin, ministre du Logement, a promis aux Roms et aux gens du voyage la suppression du titre de circulation et a déclaré souhaiter qu’ils puissent voter. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Rien du tout. C’est du vent. En réalité, il s’agissait de faire bonne impression avant la fin de la présidence française de l’Union européenne. Il y a un exemple parmi d’autres qui démontre cette mauvaise foi ou cette hypocrisie : certains pays de la Communauté européenne ont levé les mesures transitoires qui s’appliquaient aux Roumains et aux Bulgares. La France a refusé, elle les maintient toujours ! Mine de rien, paradoxalement, les Roumains et les Bulgares bénéficiaient de plus de droits avant l’adhésion de leur pays à l’Union européenne.

Publié dans le dossier
La cause des Roms
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